Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/141

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et le latin. Sa destinée se ressentit des fluctuations qui se manifestèrent dans les sentiments de la curie romaine à l’égard des Juifs. À la suite d’un décret de Paul IV, il fut dépouillé de toute sa fortune. Traité ensuite avec bienveillance par Pie IV, il prononça devant ce pape et le collège des cardinaux une belle harangue latine qui lui valut d’être autorisé exceptionnellement à soigner des chrétiens. Sous Pie V, il fut de nouveau soumis à toute sorte de restrictions. Pour montrer l’absurdité des préjugés qui existaient alors contre les Juifs et surtout contre les médecins de cette religion, de Pomis écrivit l’ouvrage latin : De medico hebrœo, Le Médecin hébreu, où il expose dans un style élégant et abondant que le Juif est tenu, par ses lois, d’aimer le chrétien comme son frère, et que le médecin juif soigne ses malades chrétiens avec la plus vigilante sollicitude. Il mentionne de nombreux médecins juifs qui ont réussi à guérir des prélats, des cardinaux et oies papes, et auxquels ces dignitaires de l’Église ainsi que des villes tout entières ont accordé les plus hautes distinctions. À la fin, il ajoute quelques sentences dorées, extraites du Talmud et traduites en latin, pour prouver que ce livre tant décrié ne mérite pas les reproches dont l’accablent ses détracteurs. L’ouvrage apologétique de David de Pomis, dédié à François-Marie, duc d’Urbin, semble avoir produit une impression favorable sur Sixte-Quint. Du reste, David fit probablement partie de l’entourage de ce pape, puisqu’il put lui dédier son deuxième ouvrage important, un dictionnaire talmudique en trois langues.

Encouragés par ta tolérance de Sixte-Quint, les Juifs essayèrent d’obtenir de lui l’abolition de la loi qui proscrivait le Talmud et d’autres livres rabbiniques. Sous les deux prédécesseurs de ce pape, tout Juif convaincu de posséder un exemplaire du Talmud était menacé des rigueurs de l’Inquisition. Il était même dangereux d’avoir des ouvrages hébreux absolument inoffensifs, car les autorités ecclésiastiques, ne comprenant pas ces livres, s’en rapportaient en dernier ressort à des apostats juifs, qui, par rancune ou malveillance, pouvaient facilement faire dépouiller de leurs biens ou condamner aux galères les propriétaires de ces livres.