Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

parfois que les chefs de la communauté abusaient de leur pouvoir. À l’exemple de l’Inquisition, dont ils avaient pourtant si cruellement souffert, ils déclaraient la guerre à toute hérésie. Les rabbins d’Amsterdam voulaient copier le saint Office.

D’autres communautés juives s’organisèrent sur le modèle de celle d’Amsterdam, mais, au lieu d’imiter seulement sa piété, sa dignité, sa bienfaisance, elles lui empruntèrent aussi ses défauts. Ce fut à Rotterdam, sous l’impulsion des deux frères Abraham et David Pinto, que se forma la deuxième communauté hollandaise ; elle mit à sa tète, comme rabbin et directeur de l’école qu’elle avait fondée, un jeune homme du nom de Josia Pardo. À Harlem aussi, les Juifs espérèrent pouvoir organiser nue communauté ; Scaliger et d’autres humanistes les y encouragèrent. Ils en furent empêchés par le parti des intolérants. Par contre, il se forma une communauté de Juifs portugais dans le nord de l’Allemagne.

Hambourg renfermait, en effet, depuis quelque temps déjà, des réfugiés marranes, qui y vivaient comme catholiques sous le nom de marchands portugais et avaient entre leurs mains une grande partie du commerce de la ville. En apprenant que les Marranes d’Amsterdam, avec lesquels ils étaient en relations, pouvaient pratiquer ouvertement le judaïsme, ils observèrent aussi un peu plus librement les rites juifs, tout en faisant encore baptiser leurs enfants. De là, de violentes protestations de la part des bourgeois protestants, qui réclamèrent du sénat l’expulsion de ces Juifs du Portugal. Le sénat, composé de riches commerçants, eut honte de traiter comme vagabonds des hommes qui sa distinguaient par leur intelligence, la noblesse de leurs manières, leur activité, et qui avaient apporté des capitaux considérables à Hambourg. Il y avait mène parmi eux un médecin très aimé et très habile, Rodrigo de Castro (1560-1627 ou 1628), qui, lors d’une épidémie, avait risqué souvent sa vie pour soigner les malades, et jouissait surtout d’une grande réputation comme spécialiste auprès des femmes. Le sénat nia donc d’abord qu’il y eût des Juifs parmi les Portugais, ensuite il avoua qu’il s’en trouvait, effet, quelques-uns. En réalité, cent vingt-cinq Marranes. étaient alors établis à Hambourg, et, parmi eux, dix capitalistes et deux médecins.