Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/253

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conduit en triomphe à la grande synagogue d’Amsterdam, oit l’administration lui rendit les plus grands honneurs.

Cependant, Cevi Aschkenazi reçut de nombreuses adhésions du dehors. Les rabbins dont Hayon avait publié dans son livre les prétendues lettres de recommandation protestèrent qu’elles étaient fausses. Un des rabbins les plus vénérés, Léon Brieli, de Mantoue, dévoila le scandaleux passé de Hayon et approuva énergiquement la sentence prononcée contre lui par Cevi Aschkenazi. Mais les Portugais s’obstinèrent dans leur erreur, et les dissensions troublèrent cette belle communauté d’Amsterdam, jusqu’alors si unie. Devant l’hostilité violente de la communauté portugaise. Cevi Aschkenazi quitta Amsterdam, soit que de Pinto eût obtenu contre lui un décret d’expulsion, soit volontairement, pour prévenir l’ordre de bannissement dont il se savait menacé (1714).

Même après le départ de Cevi Aschkenazi, de nombreuses protestations contre Hayon affluèrent encore de rabbins d’Allemagne, d’Italie, de Pologne et même d’Afrique, qui arrachèrent complètement le masque du protégé de l’administration portugaise. Celle-ci sentait bien qu’elle s’était trompée, mais, par amour-propre ou par entêtement, elle ne voulait pas en convenir. Pourtant elle reconnaissait qu’il était de toute nécessité pour Hayon de se défendre contre ses accusateurs. Sur ses conseils, il partit donc pour l’Orient, muni d’argent et de lettres de recommandation, pour essayer de faire annuler à Constantinople l’excommunication prononcée contre lui par divers rabbins. Le voyage fut pénible ; aucun Juif ne voulait le recevoir dans sa demeure. À Constantinople aussi, les Juifs l’évitaient, mais il réussit, grâce à ses lettres de recommandation, à pénétrer jusqu’à un vizir. Son but pourtant ne fut pas atteint. Il partit pour la Palestine, oit il fut également final accueilli, revint à Constantinople, et, après plusieurs années de démarches, trois rabbins, sur les instances du vizir, consentirent à rapporter l’arrêt d’excommunication, à condition que [layon promit que ni dans des sermons, ni dans des livres, il ne toucherait plus à des sujets cabalistiques. Hayon s’y engagea par serment (1724), et, réconcilié en apparence avec la Synagogue, il repartit pour l’Allemagne.

Dans l’intervalle, les germes de l’hérésie sabbathienne répandus