Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/268

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du bourreau. Cette fois, c’était la Cabale qui avait allumé la torche pour mettre le feu au Talmud.

La mort subite de Dembowski amena un revirement. On cessa de persécuter le Talmud et on se mit à traquer les Frankistes. Six d’entre eux se rendirent alors auprès de Wratislaw Lubienski, archevêque de Lemberg, pour lui déclarer au nom de tous qu’ils étaient prêts, sous certaines conditions, à accepter le baptême. Ils réclamaient un nouveau colloque public pour prouver que les talmudistes, plus encore que les païens, versaient du sang chrétien innocent. Pour rendre publique la promesse de conversion des Frankistes et en informer les catholiques, Lubienski fit imprimer et répandre leurs propositions, mais ne se soucia nullement d’autoriser le colloque demandé.

Après le départ de Lubienski pour sa résidence de Gnesen, l’administrateur de l’archevêché de Lemberg, le chanoine de Mikuliez Mikolski, qui avait hâte de voir les Frankistes opérer leur conversion, leur promit d’autoriser une controverse dès qu’ils auraient embrassa le christianisme. En effet, lorsque Leib Krysa et Salomon de Rohatyn eurent fait, au nom de toute la secte, une profession de foi catholique, Mikolski entama des pourparlers, à l’insu de Serra, nonce du pape, pour une deuxième controverse publique à Lemberg (juin 1759). Les rabbins reçurent l’ordre de venir prendre part à ce colloque, sous peine d’amende, le 16 juillet. Ils s’en plaignirent alors au nonce à Varsovie, mais Serra, tout en n’étant pas favorable à cette controverse, ne voulait pourtant pas s’y opposer. Il espérait que cette discussion lui fournirait enfin des renseignements exacts sur l’accusation de meurtre rituel si fréquemment lancée contre les Juifs. Car, précisément à ce moment, le pape Clément VIII avait eu à s’occuper de cette question. Un Juif polonais d’un -rand dévouement, Jacob Yelek, avait entrepris le voyage de Rome pour que le pape déclarât cette accusation mensongère. Clément XIII avait alors proclama que te sacré Collège, après avoir examiné les documents invoqués pour prouver que les Juifs se servent de sang chrétien pendant la fête de Pâque et tuent des enfants chrétiens, avait conclu qu’ils ne pour-raient plus être condamnés sur le simple énoncé de l’accusation, mais qu’il faudrait suivre à leur égard la procédure ordinaire pour