Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/293

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d’Espagne. Et pourtant ils étaient plus cultivés et plus instruits que leurs persécuteurs. Les Juifs et les Arabes d’Espagne étaient bien supérieurs, par leur savoir, à l’Europe chrétienne. Durant tout le moyen âge, les Juifs avaient été traités par les chrétiens de la plus cruelle façon.

Sans doute, continue Dohm, les Juifs ont également leurs défauts, dont quelques-uns sont peut-être tellement enracinés qu’ils ne pourront s’en corriger qu’à la troisième ou la quatrième génération. Raison de plus de tenter des réformes, afin que les générations futures soient meilleures. D’ailleurs, on a le droit d’espérer d’excellents résultats de ces réformes, parce que la pauvreté ne sévit pas autant chez les Juifs que chez les chrétiens et que plusieurs d’entre eux se sont distingués par les plus brillantes qualités de cœur et d’esprit. En général, ils sont prévoyants, laborieux, doux, se plient facilement aux circonstances.

Enfin, il termine par cette déclaration que la nature a doué les Juifs aussi favorablement que les autres hommes, qu’ils peuvent devenir des citoyens utiles ; c’est l’oppression qui a pesé sur eux pendant si longtemps qui les a pervertis en partie. L’humanité, la justice ainsi qu’une politique avisée conseillent de faire cesser cette oppression et de les relever de leur avilissement dans leur propre intérêt comme dans l’intérêt de l’État.

En demandant qu’on améliore la situation des Juifs, Dohm indique en même temps les mesures qu’il faut prendre pour y réussir. Tout d’abord il est nécessaire de leur accorder les mêmes droits qu’aux autres habitants du pays. Il faut ensuite les encourager à créer de bonnes écoles ou les admettre dans les écoles chrétiennes ; la prédication dans les synagogues pourra aussi avoir d’heureux effets. En outre, il appartient au clergé de faire comprendre aux chrétiens qu’ils doivent considérer et traiter les Juifs comme leurs semblables, et non comme des parias.

Dohm veut qu’on laisse aux Juifs liberté complète pour leurs affaires religieuses et administratives : pour l’exercice de leur culte, la création de synagogues, la nomination d’instituteurs et l’organisation d’œuvres de bienfaisance. Il ne leur dénie qu’un seul droit, celui d’être appelé à des emplois publics nu à des fonctions de l’État. Ils ne lui paraissaient pas encore assez mûrs pour