Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Dieu, les droits de l’État et de la religion se confondent. Autrefois, il n’y avait aucune différence entre les lois civiles et les lois religieuses. Se rendre coupable envers Dieu était se rendre coupable envers l’État. Avec la destruction du temple de Jérusalem, c’est-à-dire avec la disparition de l’État, disparurent aussi les peines corporelles et capitales ainsi que les amendes dont étaient punies les transgressions religieuses.

À ceux qui, avec une sincérité feinte ou réelle, avaient prétendu qu’il avait rompu avec le judaïsme, Mendelssohn répondit par une déclaration qui n’était qu’un hors-d’œuvre dans sa Jérusalem. Il affirmait, en effet, que les lois rituelles sont également d’origine divine et restent obligatoires jusqu’à l’époque où il plaira au Tout-Puissant de les abolir dans les mêmes conditions de publicité où il les a révélées. Il démontrait ensuite, par une argumentation originale, la nécessité des lois cérémonielles.

Cet ouvrage, où Mendelssohn, au lieu de se tenir sur la défensive, parle en accusateur et montre très nettement, quoique avec beaucoup de mesure et d’habileté, les points faibles de la Constitution de l’Église, produisit une profonde impression. L’illustre philosophe Kant lui écrivit qu’il avait lu Jérusalem et en avait admiré la profondeur de pensée et la finesse des aperçus. À mon avis, lui dit-il, votre livre est le précurseur d’une grande réforme, dont votre nation ne profitera pas seule ; vous avez prouvé que votre religion laisse à ses adeptes une plus grande liberté de conscience qu’on ne supposait et qu’on ne trouve ailleurs. Michaelis, qui malgré son rationalisme, haïssait tant les Juifs, fut tout troublé de la hardiesse de l’auteur de Jérusalem.

En même temps que Mendelssohn glorifiait ainsi le judaïsme et s’appliquait, soit par ses propres ouvrages, soit par ceux de ses amis, à améliorer la situation des Juifs, il s’occupait aussi de leur relèvement intellectuel et moral. Dans cette dernière tâche, il fut puissamment aidé par Wessely.

Hartwig ou Naphtali-Herz Wessely (né à Hambourg en 1725, mort en 1805), était un esprit original, à la fois enthousiaste et plein de sang-froid. La tâche qu’il s’imposa fut d’étudier la Bible hébraïque et d’en pénétrer le sens. Comme Mendelssohn, il s’était instruit sans maîtres, et, dès sa jeunesse, s’étaient manifestés chez