Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XIII


Excès de l’orthodoxie et la réforme
(1760-1789)


Pendant qu’en Allemagne, Mendelssohn s’efforçait de démontrer que le judaïsme est conforme à la raison et que les vérités qu’il enseigne sont identiques aux vérités de la religion naturelle, une secte se développait en Pologne qui acceptait et propageait les croyances les plus absurdes et les plus extravagantes. C’était la secte des Nouveaux Hassidim qui, par bien des pratiques, rappelaient les Esséniens. Comme ces derniers, ils faisaient de fréquentes ablutions, mettaient des vêtements blancs, opéraient des guérisons miraculeuses et prédisaient l’avenir. Le fondateur de cette secte fut un charretier, Israël Miedziboz, surnommé par ses partisans le thaumaturge, en hébreu Baal Schem, et, par abréviation, Bescht. Orphelin dès le bas âge, pauvre, abandonné à lui-même, Israël avait passé sa jeunesse dans les forêts et les cavernes des Carpates. Là, il avait sans doute appris des paysannes l’usage des simples, et, à l’exemple de ces bonnes femmes, il évoquait les esprits et faisait des conjurations pour rendre plus efficace l’action de ses remèdes. Il acquit ainsi la réputation d’un médecin infaillible, et souvent les nobles polonais eux-mêmes le consultaient dans les cas difficiles.

Dans les gorges solitaires où il errait, Israël Baal Schem s’était habitué à prier autrement qu’on ne le fait dans les synagogues. Il récitait les mêmes formules usuelles, mais les prononçait avec une extrême ferveur, élevant la voix très haut et Imprimant à tout son corps des mouvements désordonnés. Il prétendait que, grâce à cette agitation de tous ses membres, il s’élevait plus facilement jusqu’à son Créateur. Son exemple fut suivi, et bientôt il eut autour de lui de nombreux partisans qui, comme lui, manifestaient