Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/305

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

contre les Hassidim par le rabbinat de Vilna ou les divers ouvrages polémiques, les rebben interdisaient la lecture de tout écrit qu’if n’avaient pas préalablement approuvé. Par contre, ils recommandaient chaleureusement des recueils de sermons et de sentences attribués à Israël Baal Schem et à Beer Mizriez.

Après la mort de Beer, deux de ses successeurs contribuèrent particulièrement au développement de la secte des Hassidim : Israël, de Kozieniz, au nord de Radom, et Salman de Liadi. Le premier, connu sous le nom de Magguid de Kozieniz, était d’un mysticisme exalté et avait la réputation d’un grand thaumaturge, même chez les chrétiens. Ses revenus étaient considérables, maie il distribuait aux nécessiteux l’or que ses admirateurs lui apportaient. Salman de Liadi se distingua surtout par sa vaste érudition talmudique et sa dignité de caractère. Il fonda un groupe spécial qu’on désignait sous le nom de Habad[1].

Une seconde fois, Élia et ses collègues de Vilna excommunièrent les Hassidim. À Brody et à Cracovie on brûla plusieurs de leurs livres (1781). Mais ces procédés de répression n’avaient plus la nième efficacité qu’autrefois. Dans la province austro-polonaise de la Galicie. les disciples de Mendelssohn essayèrent pie combattre cette secte en créant des écoles élémentaires d’après le programme de Joseph Il. Elle triompha pourtant de toutes les résistances, et, à la fin du XVIIe siècle, elle était forte de cent mille âmes. C’est que de ses revendications, une au moins était justifiée : la nécessité de réprimer l’excès des études talmudiques. Aujourd’hui, les Hassidim donnent le ton dans les communautés où ils étaient autrefois persécutés et ne cessent de faire de nouvelles recrues en Pologne.

Pendant que cette secte exerçait son action funeste en Pologne, les disciples de Mendelssohn continuaient l’œuvre de leur maître. Toute une légion de jeunes hommes, en Allemagne, dans l’est et le sud de l’Europe, travaillaient à la rénovation de leur religion et s’efforçaient de faire pénétrer une sève plus jeune dans le vieux tronc du judaïsme. Comme s’ils s’étaient tous entendus, ils mirent de côté le Talmud pour s’adonner à l’étude de la Bible et à la

  1. Ce nom est formé des lettres initiales des mots Hokhma sagesse, Bina intelligence, et Daat connaissance.