Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/310

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conserva des manières grossières et, jusqu’à sa mort, dut vivre de subsides.

Le troisième philosophe juif de ce temps, Lazarus Ben-David (1762-1832), de Berlin, fut aussi un disciple fidèle de Kant, qui parle de lui, dans ses ouvrages, avec la plus haute estime. Peut-être eut-il tort de se rendre à Vienne pour y faire des conférences sur la philosophie, car en Autriche on n’avait alors aucun goût pour cette science. Au début, il fut autorisé à enseigner à l’Université même, mais il dut bientôt y renoncer. Il fut alors accueilli dans le palais du comte de Harrach, où il put continuer ses leçons pendant quatre ans devant un auditoire choisi. Il retourna ensuite à Berlin.

Les Juifs d’Allemagne, en cultivant leur esprit sous l’impulsion de Mendelssohn et de ses élèves, travaillèrent en même temps à la culture intellectuelle de leurs concitoyens chrétiens. Ce fut, en effet, dans la haute société juive de Berlin que naquit ce ton de bonne compagnie qui devint un des traits distinctifs de la capitale et agit ensuite sur le restant du pays. Frédéric le Grand avait implanté en Prusse la littérature française, et cette littérature rencontra plus d’admirateurs parmi les Juifs que parmi les chrétiens. L’esprit français était un peu parent des saillies humoristiques du Talmud et, par conséquent, était mieux compris et plus apprécié dans les maisons juives que partout ailleurs. Les femmes juives surtout étudiaient avec ardeur la langue française : c’était devenu une question.de mode, et elles n’avaient garde de s’y soustraire. Elles s’appliquaient pourtant à acquérir également des connaissances sérieuses pour pouvoir se montrer aussi instruites que les hommes. Les tilles de Mendelssohn, en constantes relations avec des littérateurs et des savants, donnèrent l’exemple, et elles furent suivies par un grand nombre de jeunes filles et de femmes juives.

C’est la maison de Mendelssohn qui avait été d’abord le rendez-vous des amis des lettres et de la philosophie à Berlin. Après la mort de leur maître, David Friedlænder et Marcus Herz prirent sa place. Mais Friedlænder manquait de grâce et de souplesse et n’avait rien qui attirât. Ce fut donc dans la maison de Herz que les amis de Mendelssohn prirent l’habitude de se réunir. Herz