Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

française vinrent implanter les idées de liberté et d’égalité, les Juifs obtinrent leur émancipation. Ils furent d’abord affranchis en Hollande, quand ce pays fut devenu la République batave (1796). La population juive de la Hollande, au nombre d’environ cinquante mille rimes et divisée en communautés portugaises et allemandes, y jouissait depuis deux siècles d’une large tolérance, mais était pourtant soumise à de nombreuses restrictions. L’accès des fonctions publiques leur était fermé ; ils étaient également exclus de certaines corporations. Ils devaient contribuer aux dépenses du culte et des écoles de la majorité sans profit pour eux. D’autres restrictions encore pesaient sur eux. Dès que la République eut été proclamée, ils virent disparaître un certain nombre de ces restrictions ; quelques voix s’élevèrent même pour réclamer leur émancipation complète. Mais, à l’instar de ce qui s’était passé en France, leurs adversaires s’efforcèrent, dans des écrits malveillants, d’exciter l’opinion publique contre eux. L’ouvrage de Van Swieden, intitulé : Conseil aux Représentants du peuple, produisit surtout une impression fâcheuse. Ce qui paraît plus étrange encore, c’est que les rabbins et les administrateurs des communautés, particulièrement les Parnassim, faisaient également opposition à l’émancipation des Juifs.

Grâce à l’influence de ces chefs, les Juifs de Hollande, quoique convoqués, comme leurs concitoyens, à participer à l’élection de la première Assemblée nationale batave, ne s’y intéressèrent que médiocrement. Aussi ne purent-ils faire passer aucun des leurs comme député, même à Amsterdam, où ils étaient au nombre de plus de vingt mille. Les partisans de l’émancipation juive eurent donc à faire face de deux cités à la fois, et aux Juifs eux-mêmes et à leurs ennemis chrétiens. Sans se laisser décourager, ils redoublèrent d’efforts et d’activité. Enfin, la question de l’émancipation juive fut discutée au mois d’août 1796. Elle fut vivement combattue par les députés conservateurs, qui étaient fermement convaincus que, pour avoir tué Jésus, les Juifs devaient continuer à être humiliés et avilis jusque dans les temps les plus reculés. Mais un député français, Noël, réclama leur affranchissement avec une vigoureuse éloquence ; il eut gain de cause. Après de longs débats, l’Assemblée nationale décréta (2 septembre 1796)