Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/332

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Autriche et Frédéric-Guillaume II en Prusse. Mais elle continuait à être prélevée dans l’Allemagne centrale et occidentale, dans les régions du Mein et du Rhin, où de nombreux États minuscules se touchaient. II en résultait que, dans une seule journée, un Juif traversait parfois plusieurs de ces petits pays et, par conséquent, était contraint de payer plusieurs fois cette taxe. Non pas qu’elle fût très élevée, elle n’était souvent que de quelques kreutzers, mais elle exposait les Juifs, de la part des autorités, aux plus injurieux traitements.

Le péage personnel disparut avec l’entrée des armées françaises en Allemagne. Mais, après la paix de Lunéville, les petites principautés le rétablirent. Elles en exigeaient même le payement des Juifs français que leurs affaires appelaient de l’autre côté du Rhin, invoquant cette clause du traité de Campoformio que, provisoirement, aucune modification ne serait apportée aux conventions réglant les relations commerciales de l’Autriche et de la France. Mais les Juifs français refusaient de se soumettre à cette humiliation. À la suite de pressantes réclamations, le commissaire du gouvernement, Jollivet, invita les représentants de la République française aux cours allemandes à ne pas tolérer qu’on exigeât des Juifs français le payement du péage personnel. Un certain nombre de princes tinrent compte des protestations de la France, mais leurs sujets juifs restèrent soumis à cette taxe.

Lorsque, à la suite du traité de paix de Lunéville, une Conférence se réunit à Ratisbonne, pour délibérer sur les affaires de l’Empire, les Juifs lui adressèrent une requête pour obtenir les droits de citoyen passif (15 novembre 1802). Ils demandaient qu’on supprimât les restrictions dont ils souffraient encore, qu’ils ne fussent plus astreints à demeurer dans des quartiers spéciaux, qu’il leur fût permis de s’occuper librement de leurs affaires, et, en général, qu’on les assimilât aux autres Allemands. Ils invoquèrent l’exemple de la France et de la Hollande. Contre leur attente, leur requête fut présentée et appuyée par un des membres les plus considérables de la Conférence, le délégué de l’Autriche (vers la fin de 1802). Mais des questions plus urgentes absorbaient alors l’attention de la Conférence ; la pétition des Juifs ne fut pas examinée.