Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/376

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le noyau du parti de la réforme, peu important à l’origine, mais auquel l’activité remuante de ses membres assurait un développement considérable.

La partie essentielle des offices des réformés consistait dans la prédication allemande. C’était Jacobson lui-même qui, le plus souvent, prenait la parole. Mais il se faisait parfois remplacer par des jeunes gens doués d’un bel organe et d’une certaine facilité d’élocution ; il ne leur demandait ni convictions solides, ai connaissances théologiques. Son oratoire devint ainsi comme une école d’éloquence sacrée. Les premiers prédicateurs qui s’y formèrent furent Jacob Auerbach, Édouard Kley Gunsbourg, de Breslau ; aucun d’eux ne se distingua par un talent particulier. Brusquement, à la suite des protestations de quelques Juifs orthodoxes, Frédéric-Guillaume III, qui était ennemi de toute innovation, 6t fermer l’oratoire de Jacobson. Kley se rendit alors à Hambourg, appelé par quelques familles riches à diriger une école libre qu’elles venaient de fonder.

Dès qu’il fut établi à Hambourg, Kley y organisa également des offices réformés, avec des prières et des chants en allemand, l’orgue et la prédication. Il publia même un Recueil de chants religieux, fades et ennuyeux, marqués tout à fait du cachet protestant de l’époque. Il existait alors à Hambourg un parti qui tenait à conserver les prières hébraïques, tout en n’étant pas adversaire des réformes. Les principaux représentants de ce parti, Bresselau et Sæckel Frænkel, choisirent quelques prières hébraïques pour les ajouter aux chants allemands. Tous ces arrangements terminés, cinquante familles environ s’unirent pour former la Société du temple réformé (1818). À l’inauguration de ce temple, on espérait produire sur l’assistance une profonde impression en faisant chanter ensemble des jeunes filles et des jeunes gens. Cette réforme laissa les novateurs indifférents et irrita vivement les orthodoxes.

Peut-être cette communauté réformée n’eût-elle eu qu’une durée éphémère sans Gotthold Salomon, qui succéda à Kley. Le nouveau prédicateur était familiarisé avec la Bible et la littérature rabbinique et possédait un sérieux talent d’orateur. Mais on s’efforçait trop, dans la nouvelle communauté, d’imiter le