Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/393

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qu’ils appelaient leurs préjugés, c’est-à-dire l’observance des prescriptions talmudiques et la croyance à la venue du Messie. Bien des Juifs se soumirent avec empressement à ces exigences, se vantant même de leur trahison. Riesser flétrissait de telles lâchetés avec une vigoureuse énergie. Par sa lutte contre les Paulus, les Édouard Meyer, les Pfitzer et les Streckfuss, tous adversaires des Juifs en même temps qu’ennemis de la liberté, il réussit à faire inscrire la question juive sur le programme libéral. La jeune Allemagne et tous les amis du progrès furent alors obligés de réclamer la liberté religieuse et l’égalité de tous les Allemands. Mais Riesser mérita surtout la reconnaissance des Juifs pour avoir réveillé en eux le sentiment de la dignité et leur avoir inspiré le courage d’avouer hautement la confession à laquelle ils appartenaient.

Un contemporain de Riesser travailla également, mais par d’autres voies, à donner à ses coreligionnaires la conscience de leur valeur. Zunz, un des principaux membres de la u Société pour la science juive n, était convaincu que la connaissance de leur passé donnerait aux Juifs cette assurance et cette fierté qui leur faisaient parfois défaut. Dans le journal de la Société dont il faisait partie, il avait déjà publié d’importants travaux et montré les résultats sérieux qu’on pouvait obtenir en remontant aux sources. En 1832, dans un ouvrage intitulé Die Gottesdienstlichen Vorträge, ou Les conférences synagogales, il indique comment l’institution de la lecture d’extraits de la Bible, et surtout du Pentateuque, est née, s’est développée, modifiée, et a repris un nouvel essor. Son but, dans ce livre, est de prouver que les Juifs, pendant le moyen âge, ne furent pas une horde grossière, sans instruction et sans moralité, comme le prétendent leurs ennemis, mais cultivèrent la science et produisirent des œuvres d’un grand mérite.

Le livre de Zunz, un peu aride, mais très riche en informations, fut le premier ouvrage juif de cette époque qui fût accueilli favorablement par la science allemande. Il répandit une vive lumière sur une quantité de faits ignorés ou mal connus. Outre sa valeur propre, il eut le mérite de provoquer des recherches fécondes dans ce domaine particulier du judaïsme. Dans la pensée de Zunz, ce travail devait aider à faire proclamer l’émancipation