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Delitzsch, que le peuple juif est le plus admirable de tous les peuples et que son histoire et sa littérature méritent la première place après celles de l’Église. La poésie forme une grande partie de cette immense littérature et est la plus fidèle image des divers états dame de ce peuple. L’Orient exilé dans l’Occident et exhalant d’amères plaintes sur son exil, telle est la source de la poésie juive. » Martinet, après avoir déclaré « qu’il voulait connaître la hauteur, la profondeur et la largeur de l’esprit juif de notre temps par les trésors de la littérature juive même », ajoutait qu’il était heureux d’avoir découvert, dans cette littérature, des morceaux animés d’un large souffle et d’une émotion intense. Par ses « Morceaux choisis » il se proposait, comme il dit, « de lier en un bouquet odoriférant les brillantes fleurs orientales qui avaient poussé sur le sol de l’Occident et qui méritent l’admiration des connaisseurs ».


CHAPITRE XVII


Une accusation de meurtre rituel à Damas
(1840-1848)


Le conflit violent qui avait éclaté en Allemagne, parmi les Juifs, entre ceux qui professaient un attachement excessif à tous les vieux usages et les contempteurs du passé, les lâches désertions, qui devenaient de plus en plus nombreuses, avaient éveillé des craintes sérieuses, dans quelques esprits, sur l’avenir même du judaïsme. Un poète original, Joël Jacoby, qui, un peu plus tard, se fît baptiser, s’adressait dans les termes suivants à ses coreligionnaires : « Ton corps est fatigué, ô mon peuple, et ton esprit épuisé. C’est pourquoi, je t’apporte un cercueil et je t’offre une tombe ». Geiger aussi, dans son journal, faisait entendre ces plaintes douloureuses : « Il est rompu le lien qui, autrefois, rattachait les unes aux autres les diverses communautés, et elles ne