Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/421

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

était un esprit un peu superficiel, incapable d’exercer une action sérieuse.

Après sa mort, quelques-uns de ses partisans organisèrent (en 1842) à Francfort une communauté spéciale, qu’ils appelèrent Société des amis des réformes. La profession de foi qu’ils publièrent à cette occasion montre que leurs idées étaient assez confuses sur le but qu’ils voulaient atteindre. Pour le Talmud, ils étaient tous d’accord de ne pas le reconnaître comme autorité religieuse. Mais la Bible ? Ils en acceptaient certaines parties, en rejetaient d’autres, sans pouvoir expliquer les motifs qui guidaient leur choix. À leur avis, la religion mosaïque est susceptible d’un perfectionnement continu. Ils déclaraient renoncer à toute espérance messianique, parce qu’ils considéraient leur pays natal comme leur seule patrie.

Leur plus vif désir était d’obtenir l’adhésion de Gabriel Riesser, qui occupait en Allemagne une situation importante. Bien que Riesser eût manifesté à plusieurs reprises son attachement à tous les anciens usages, pour ne pas paraître rougir de sa religion, il se montra pourtant disposé à adhérer à ce qu’on appelait le programme de Creizenach, parce qu’il avait toujours demandé la liberté pour tous. Or, ce programme défendait, à ses yeux, le principe de la liberté en laissant aux pères de famille la faculté de négliger ou de pratiquer la circoncision sur leurs enfants. C’était là une innovation hardie qui empêchait bien des personnes de se joindre aux amis des réformes. Aussi ceux-ci se décidèrent-ils à effacer de leur programme l’article concernant la circoncision ainsi que la déclaration relative à l’abolition des lois alimentaires. Mais leurs concessions mécontentèrent Riesser, qui y voyait une sorte de reculade, et il leur retira son appui. Ce groupe de réformateurs, se trouvant ainsi privé de son principal soutien, ne tarda pas à se dissoudre.

Cet échec ne découragea nullement ceux qui étaient convaincus de la nécessité de substituer à certains usages des formes plus compatibles avec la nouvelle situation des Juifs. Seulement ils n’étaient pas d’accord sur les modifications à apporter au judaïsme. Les uns ne craignaient pas de demander la suppression de lois fondamentales, comme la circoncision, d’autres voulaient