Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 5.djvu/427

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Sachs (né à Glogau en 1808 et mort à Berlin en 1864) formait un contraste complet avec Holdheim. Tout, chez ces deux hommes, était différent, la manière d’agir et la manière de penser, les sentiments et le caractère, l’éducation et l’instruction, même les habitudes et les manies. Holdheim, avec son talent de dialecticien et son esprit subtil, était un produit des écoles talmudiques polonaises, tandis que Sachs rappelait ces savants juifs d’Espagne qui se distinguaient par leur goût pur, leur langage élégant et l’étendue de leurs connaissances générales. Doué des qualités les plus généreuses, familiarisé à la fois avec la littérature hébraïque et la littérature grecque, Sachs sentait et agissait noblement. Sa conduite répondait toujours à ses pensées et à ses sentiments. Aussi se montrait-il d’une implacable sévérité et d’une ironie mordante envers les trompeurs, les hypocrites, ceux qui essayaient de dissimuler leur ambition et leur vanité sous des phrases creuses et des mots sonores.

Sachs aimait le judaïsme d’un amour passionné, parce que cette religion a proclamé un Dieu Un qui dirige la marche de l’humanité et qu’elle enseigne une morale pure et généreuse. Il ne se dissimulait pas que bien des plantes parasites s’étaient attachées, dans le courant des siècles, au tronc du judaïsme et en gâtaient la beauté, mais il était convaincu que le temps, qui les avait fait pousser, suffirait pour les faire de nouveau disparaître. Les arracher de force lui paraissait une entreprise dangereuse, parce qu’en enlevant les parties avariées, on risquait, selon lui, de détruire en même temps des parties saines. De là son opposition à toute réforme. Il craignait que l’abolition, même justifiée, de certains usages ne fût nuisible à la religion elle-même.

De caractère indécis, timide, un peu hautain, Sachs, avec ses grandes qualités et sas défauts, était surtout fait pour la chaire. Son éloquence naturelle, l’ardeur de ses convictions, l’élévation de ses sentiments, le charme qui se dégageait de sa personne, son organe agréable, l’élégance de sa parole, tout contribuait à faire de lui un des premiers prédicateurs juifs de son temps. Seul Mannheimer, de Vienne, pouvait lui être comparé. À Prague, où il occupait les fonctions de rabbin, sa parole chaleureuse et