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SAMARIUM — SAMARKANDE

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cipium était composé de Jeux métaux différents, l’un présentant tous les caractères du spectre d’absorption du samarium, l’autre ne donnant pas de spectre d’absorption, pour lequel fut conservée la dénomination de déeipium. Le samai’ium a été trouvé également dans la cérite, l’orthite, la monazite et la gadolinite. Le métal n’a pas encore été isolé.

Le samarium est un produit secondaire qui reste comme résidu avec beaucoup d’autres métaux dans la préparation du tborium et du cérium à partir de la monazite ; celle-ci en contient de 0,3 à 1 % sous forme d’oxyde. Chenal et Douilhet, en partant de 300 kilogr. de résidu de préparation du thorium, et du cérium à partir de la monazite de la Caroline du Nord, ont pu préparer des quantités notables de composés du samarium en les séparant des autres métaux par la méthode de Demarçay (cristallisations fractionnées des azotates doubles magnésiens). L’oxyde de samarium, Sm 2 3 , est blanc crémeux, il est facilement soluble dans les acides. Son hydrate est insoluble dans les alcalis. Le chlorure, SinCl 3 , 6U 2 2 , forme des cristaux volumineux, solubles et déliquescents. Le nitrate, quoique déliquescent, forme des cristaux d’une couleur jaune spéciale. Le sulfate est en cristaux isolés, isomorphes avec ceux de praséodyme et de néodyme, mais moins solubles que ceux-là. Le nitrate double magnésien est jaunâtre. L’oxalate insoluble forme un précipité crémeux. Le platinocyanure forme de beaux prismes jaunes à reflets bleuâtres. Lîibl. : Lecoq de Boisbâudran, Comptes rendus, t. LXXXVIII, p. 322 et t. LXXXIX, p. 212. SAMARKANDE. Ville du Turkestan russe (Asie centrale), ch.-l. de la prov. de Zérafchan, à 268 kil. S.-O. de Tachkent, à 222 kil. E.-S.-E. de Boukhara, à 7 kil. environ de la rive g. du Zérafchan. Elle est située à 670 m. d’alt., par 39° 38’ 50" lat. N., 64° 38’ 50" long. E. ; elle compte 34.000 hab., dont 10.000 dans le quartier européen qui a été construit par les Russes. Samarkande, quoique très déchue du rang qu’elle eut au moyen âge et surtout à l’époque de Tamerlan dont elle était la capitale, est une ville de première importance depuis que les Russes en ont fait le point terminus de leur chemin de fer transcaspien ; elle est située au point oii convergent presque toutes les routes commerciales de l’Asie centrale. Samarkande se compose de la ville indigène située à l’E. et de la ville russe située à l’O. ; entre les deux s’élève la citadelle ou ark qui a été récemment restaurée. Deux canaux dérivés du Zérafchan, le Siob et le Siobtcha, arrosent le N. et l’E. de la ville et ses faubourgs, le canal Dargam fournit l’eau aux habitants des quartiers S. et O. La ville indigène, enveloppée d’une enceinte ruinée de 15 kil. de tour, n’est guère formée que d’un labyrinthe inextricable de rues étroites et tortueuses, bordées de maisons ou plutôt de huttes misérables en terre battue ou en briques, que les habitants ne se donnent même pas la peine de fabriquer, mais dont ils vont faire une ample moisson dans les ruines des monuments anciens, particulièrement de ceux qui furent élevés à l’époque des Timourides. Elle renferme 465 mosquées, 24 cimetières, 18 rnédresèhs, 60 caravansérails. Ses médresèhs ou écoles eurent depuis le commencement de l’hégire une renommée considérable dans tout le monde musulman, et elles ne tardèrent pas à rivaliser avec celles de Bagdad, de Perse et du Maghreb ; mais aujourd’hui elles sont tombées dans la plus profonde décadence, et l’on n’y trouve plus que quelques écoliers dont toute l’ambition se borne à apprendre à lire le Coran et à étudier quelques pages des commentateurs arabes. Les principaux monuments de la vieille ville sont situés en bordure delà grande place centrale de Samarkande qui porte le nom de Righistan, ce sont la Tilakari, le Chir-Dâr et la médressèli du sultan Mirza Ouloug Beg Kourkan, fils de Chah Rokh et petit— tils de Timour ; on y étudiait principalement les mathématiques et l’astronomie qui étaient les deux sciences favorites du sultan Ouloug Bcg. Dans la partie N. de la ville, près de la porte de Tachkent, s’élève une autre mosquée splendide, qui fut construite par l’une des femmes de Tamerlan nommée Bibi Khanoum, et qui, suivant la légende, était tille de l’empereur de Chine ; dans l’une des parties de cet édifice se trouve le tombeau de cette princesse. Tamerlan est inhumé dans une merveilleuse mosquée à coupole, malheureusement à peu près aussi ruinée que la Bibi Khanoum, et qui s’élève au S.-O. de la ville, sur une éminence voisine de la citadelle ; elle a été construite par un artiste venu d’Ispahau, comme l’indique une inscription gravée en or sur fond bleu au fronton de cet édifice. La vieille ville est entourée d’une sorte de muraille en terre battue ou en briques, dans un état de délabrement absolu. La muraille ancienne de Samarkande se trouvait au moins à 6 kil. au delà.

La citadelle de Samarkande a été rebâtie parles Russes, après la conquête, d’après les règles de la fortification moderne, et elle s’est trouvée réduite d’un bon quart. Le seul bâtiment ancien qui ait été conservé est la terrasse de la cour intérieure du palais de l’émir ; c’est dans cette citav délie qu’est conservée la keuk tach ou pierre bleue sur laquelle s’asseyaient lesTimourides, et après eux les émirs de Samarkande, le jour de leur avènement. A l’O. se trouvent un monument et une chapelle élevés à la mémoire des soldats russes qui tombèrent devant Samarkande en 1868.

La ville européenne, construite à l’O. de la citadelle, n’offre aucune particularité qui la distingue des villes construites récemment par les Russes dans leurs nouvelles possessions d’Asie centrale et même de beaucoup d’établissements actuels de la Russie d’Europe. Les environs de Samarkande sont assez bien cultivés, et l’on trouve dans la campagne des fermes et des villas qui servent d’habitations de plaisance aux officiers et aux fonctionnaires russes qui demeurent à Samarkande. C’est dans cette campagne, au S.-E., à une très petite distance de la porte de Tachkent, que se trouve la splendide mosquée du Chah Zendeh ou « roi vivant », ou est enterré un roi nommé Kasim qui se réveillera un jour pour conquérir le monde à l’Islam. Un peu plus à l’O., se trouve, sur la rive du Siob, le tombeau de Daniel ; les habitants de Samarkande sont persuadés que le prophète ne cesse de grandir depuis qu’il a été enterré, et le soin de déterminer la grandeur dont il faut augmenter son cercueil est confié à un des prêtres les plus savants du pays ; il a aujourd’hui 18 m. de long. A l’O. se trouve un renflement de terrain assez important, dans lequel quelques fouilles mal entreprises ont cependant ramené au jour des pièces de monnaie gréco-bactriennes, pehlvies et arabes ; les indigènes nomment cette localité Kalaa-i Afrasyab, citadelle d’Afrasyab. La population de Samarkande a quadruplé depuis l’époque où elle fut occupée par les Russes, car, enl834, d’après Burnes, elle ne dépassait pas 9.000 âmes ; mais il faut comp ter dans cette augmentation l’apport assez considérable formé par les militaires et les fonctionnaires de l’empire russe. Le fond de la population est formé d’une race à laquelle on donne le nom deTadjiks et qui, bien que parlant une langue turque, est vraisemblablement d’origine iranienne ; il y a également des Turcs, des Sartes, des Mongols et quelques Arabes, Persans, Indous et Chinois. Les Musulmans de Samarkande s’acquittent avec une grande ferveur des devoirs qui leur sont imposés par la loi ; d’ailleurs, depuis longtemps, Samarkande a toujours passé puni’ une ville plus religieuse que ses voisines. Ce rigorisme n’empêche pas les Musulmans de faire un commerce très actif avec les Russes. L’exportation, qui est presque réservée aux étrangers, Juifs, Hindous, Afghans, porte sur le froment, le riz, la soie grège, destinés à la Boukharie, et le coton qui entre en Russie par Tachkent. L’importation consiste pour les Russes établis à Samarkande dans tous les objets de la vie civilisée, réduite aux besoins des Slaves, et en sel venant de Hussan et soieries du Khermat de Cuehri-Sebs.