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SAHAPTIN SAHARA

désert, sont pauvres et rares. Les régions traversées par la rivière, longtemps connues d’une manière imparfaite, commencent à être abordées par des lignes de chemins de fer et leurs embranchements.

SAHARA. Immense région désertique de l’Afrique septentrionale, caractérisée par la rareté des pluies, sinon même par leur absence totale pendant un laps de temps qui peut durer des années. 11 va de L’Atlantique jusqu’à la vallée du Nil ; plus exactement jusqu’à la mer Bouge, car le val du Nil, d’ailleurs fort étroit, ne doit la vie qu’à un fleuve né dans un autre climat ; et, pour serrer encore de plus près la vérité, jusqu’à bien au delà de la mer Rouge jusqu’au golfe Persique, par-dessus la « saharienne » Arabie ; donc du S. du Maroc ou du N. du Sénégal jusqu’à lapresqu’ile du Gange. Pour s’en tenir à l’Afrique, c’est le pays plus que sec qui va des terres riveraines de la Méditerranée, du Maroc, de l’Algérie, delà Tunisie, delà T’ripolitaine, au Soudan soit occidental, soit central, soit oriental, qui, lui, est une contrée de pluies tropicales. L’origine du nom n’est pas définitivement fixée, et les arabisants et berbérisants en discutent : on hésite notamment entre : plaine vaste et déserte (d’après Henri Duveyrier ) et sol dur (d’après le géologue Pomel) ; et ces deux ètymologies répondent à la réalité des faits, carie Sahara est vaste et désert, et les hamada qui font la plus grande part de son étendue sont des plateaux de roche, fort supérieurs en surface (neuf fois, dit-on) aux sables mouvants dont ou croyait jadis qu’ils couvraient tout le « Grand Désert », pour l’ensevelissement des caravanes. Etendue. — Quelle en est exactement la grandeur et où en sont les limites précises ? Questions présentement difficiles à résoudre, parce que la nature désertique ne succède pas partout brusquement (à vrai dire, presque nulle part) à la nature que nous appellerons antidésertique : tant du coté des pays de l’Atlas et de la Tripolitaine au N. que des pays du Soudan au S., il y a des terres de transition et, pour ainsi dire des demi-Saharas, des trois quarts de Sahara qu’on ne sait s’il faut réunir au Sahara véritable, ou s’il faut les en distraire : à tel degré que Elisée Reclus, lui enlevant en foule des steppes au septentrion comme au midi, ne lui attribue que 6.700.000 kil. q., tandis que Zittel, membre de la « Commission du désert libyque » l’étend de la mer Rouge à l’Atlantique et considère comme saharien tout ce qui n’appartient pas absolument à la zone des pluies soit à peu près régulières, soit franchement tropicales, et qu’il le distend à 11 millions de kil. q. au moins. Un peu moins généreux, le D’Chavannc ne lui donne que 9.950.000 kil. q. Dans le premier cas, le Sahara répond aux 22 ou 23 centièmes de la partie du monde ; dans le second, aux 38 centièmes. Il semble que l’aire acceptée par E. Reclus est trop faible : en donnant au « Désert » une longueur de 5.000 kil. du Nil à l’Océan, avec une largeur moyenne de 1.500 kil. du N. au S., ce qui répond à peu près à la réalité des faits, on arrive à une surface de 7.500.000 kil. q., soit approximativement le quart de l’Afrique, et le dix-huitième des terres sans les mers. Telle est l’immense étendue de cette région déshéritée, qui fait partie du désert majeur de la Planète, celui qui, long de 12.500 kil., commence sur la plage de l’Atlantique au banc d’Arguin et se poursuit jusqu’au voisinage du Pacifique sino-japonais à travers toute l’Afrique du Nord, l’Arabie, la Syrie sèche, la Perse, lesTurkestans et la Mongolie.

Causes de la sécheresse du Sahara. — Le Sahara n’est Sahara qu’en vertu du manque d’eau, et il ne manque d’eau que par suite de l’extraordinaire rareté des pluies, et il ne manque de pluies qu’à cause de la difficulté de la condensation d’humidité par suite du régime des vents. Le Sahara de H. Schirmer est le meilleur résumé qu’il y ait encore sur tout ce qui concerne le Grand Désert, et nous ne pouvons mieux faire que de lui emprunter ce qu’il dit des causes de la sécheresse du Sahara : « En ce qui concerne l’hiver, ces causes sont faciles I à concevoir : une aire de haute pression barométrique qui s’établit sur un continent est accompagnée d’un ciel serein... Le Sahara, siège de maxima relatifs et de vents lus faibles qui prennent généralement naissance dans le désert, est dans le cas des autres centres de haute pression continentale, Afrique australe, Turkestan oriental, Inde, Australie, où l’air est sec et le ciel pur. Il ne peut donc y avoir de pluie, en hiver que si ces hautes pressions font place à des cyclones. En été, les vents marins affluent au contraire de tous cotés vers le désert, et la vapeur d’eau ne manque pas jusqu’au centre du Sahara... Il y a toujours un peu d’humidité dans l’air saharien, mais pour qu’elle eût une valeur climatique, il faudrait qu’elle quittât sa forme gazeuse. Qu’importe la quantité d’eau vaporisée dans l’atmosphère si elle ne se résout jamais en pluie bienfaisante ? 11 y a, en été, jusqu’à 20 millirn. de vapeur d’eau en suspens au-dessus de la mer Rouge, plus qu’il n’y en a jamais dans l’air de Paris — mais comme l’air surchauffé pourrait en contenir davantage, la mer Rouge ne reçoit pas de pluie. Ce qui importe, c’est l’humidité relative, c’est la question de savoir si la vapeur en fusion est plus ou moins près de saturer l’air. Or, les moussons qui soufflent du N. vers les continents en été diminuent invariablement L’humidité relative ; s’échauffant sans cesse au contact de régions plus chaudes, ces vents s’éloignent sans cesse de leur point de saturation, et loin de déverser sur le sol la vapeur d’eau qu’ils emportent, ils deviennent capables d’en absorber des quantités nouvelles. .. Combien la condensation devient alors difiicile ! Les 8, les 11 millim. de vapeur qu’on a trouvés à Koufra, au centre du désert Libyque, et qui sont beaucoup pour l’air relativement frais de l’Europe, deviennent bien peu de chose dans l’air brûlant du Sahara... Rarement on y voit de véritables nuages... Les nuits y sont d’une pureté plus merveilleuse encore que les jours, et même la rosée, cette conséquence si fréquente des nuits claires, se dépose rarement sur le sol refroidi... Le brouillard, cette forme visible que prend l’air saturé de vapeur, est naturellement plus rare encore..., tant l’humidité du Sahara reste faible d’ordinaire par suite de la prépondérance des souffles du N. La mousson du S. est pluvieuse, au contraire ; c’est elle qui fertilise chaque année le Soudan. Elle aussi souffle de la mer vers un continent plus chaud, mais ici la différence de température est bien moins grande... Ainsi la sécheresse de l’Afrique septentrionale, en été, est due, en somme, à la prédominance des moussons du N. sur les moussons équatoriales. Ces dernières n’atteignent que le Soudan et le Sahara méridional, taudis que, les autres envahissent tout le N. du continent... L’aspiration du Sahara est faible du coté du Soudan... L’appel d’air est autrement fort vers l’Europe, et ce sont surtout les courants énergiques du N. qui comblent la dépression barométrique du désert. Si donc on voulait résumer d’un mot les causes complexes qui condamnent le Sahara à la sécheresse, l’auteur responsable de ce méfait gigantesque serait, en définitive, la Méditerranée. C’est elle qui, en été, renforce l’alizé en créant une zone d’air frais au N de l’Afrique et recule ainsi vers le S. la frontière des moussons pluvieuses ». A cette grande caus u cosmique de sécheresse s’ajoutent au moins deux causes secondaires. L’une plus générale que l’autre, c’est, sur les trois côtés maritimes, 0., E. et N., la présence de montagnes voisines du rivage et qui, condensant en pluie les vapeurs de la mer, en font tomber une bonne part sur leur versant océanique : à l’O., le massif du Eouta-Djallon et des monts et plateaux de la Guinée ; à l’E., la haute barrière des monts abyssins ; au N., l’Atlas de Tripolitaine, de Tunisie, d’Algérie, et surtout le véritable Atlas, l’Adrar du Maroc. La cause moins agissante, ou qui n’agit que sur une portion restreinte du Sahara, sur son littoral d’occident, c’est le courant relativement froid qui suit la rive de l’Atlantique : « Tandis «pie la température moyenne de la mer est de 27° au N. du tropique vers les Antilles, elle tombe à 20° sous la même latitude,