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STEIBELT — STEIN

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fixer à Paris en 1790. Après avoir obtenu chez nous un grand succès, malgré ses écarts de caractère et de conduite, il quittait Paris en 1798 pour l’Angleterre et rentrait bientôt après en Allemagne. A Vienne il se mesura, non sans succès auprès des amateurs superficiels, avec le grand Beethoven. On le revoit encore, au cours de son existence errante, à Paris, à Londres, en Allemagne encore, en Russie enfin ou s’achève sa carrière. Ses œuvres innombrables, sonates, concertos, ouvertures, fantaisies, symphonies, opéras, etc., pour oubliées qu’elles sont aujourd’hui ne sont point sans mérite.

STEIGERWALD. Massif montagneux isolé de Bavière (498 m.), à la limite des trois provinces de Franconie. STEIN, Ville de Suisse, cant. de Schatf house ; 1 .585 hab. Elle est située sur le Rhin, à une petite distance de la sortie du fleuve du lac de Constance. Ancienne abbaye bénédictine de Saint- Georges, dont quelques pièces encore bien conservées se distinguent par de très intéressantes sculptures et peintures.

Bibl. : Vetter, Das Saint-Georgenhloster am Rhein ; Lindau, 1881.

STEIN. Forteresse de Suisse (V. Rheinfei.den). STEIN (Charlotte-Albertine-Frnestinede), née à Weimar le 25 déc. 1742, morte à Weimar le 6 janv. 1827, illustre amie de Gœthe, à qui elle inspira quelques-unes de ses poésies les plus émues, la délicieuse bluette Die Geschwister, diverses œuvres dramatiques ou épiques demeurées inachevées, et les plus idéales peut-être de ses figures de femmes : elle est l’Antiope d’Elpénor, la princesse du Tasse, Natalie de Wilhem Meister et Charlotte des Affinités électives ; la Lotte de Werther fut remaniée à son image, et elle est par-dessus tout la noble et gracieuse Iphigénie. Enfin, le Voyage de Suisse et le Voyage d’Italie n’ont été que la mise en œuvre de lettres à M ulc de Stein. Dame d’honneur de la duchesse Anne-Amélie, elle épousa en 1764 le baron de Stein, écuyer, et plus tard grand écuyer de la cour ducale, homme du monde aimable, mais banal. Elle eut, en dix ans, sept enfants dont deux seulement survécurent. La noblesse de son àme et l’élévation de son intelligence l’isolant un peu à la cour, elle vécut dans la retraite jusqu’en 1775, ou le mariage de Charles-Auguste lui donna dans la duchesse Louise une amie capable de la comprendre. Le 5 nov. de cette même année se produisit l’événemeut décisif de sa vie, l’arrivée de Gœthe à Weimar ; ils se connaissaient déjà par Zimmerraann, médecin de M me de Stein et ami du poète et, avant de s’être vus, se sentaient attirés l’un vers l’autre. Tout de suite s’établit entre eux une liaison idéale ou l’aine tourmentée de Gœthe puisa l’apaisement, la sérénité, (Pour l’inlluence de M me de Stein sur le génie du poète, V. Goethe, t. XVIII, p. 1 160). Leurs relations furent longtemps platoniques et beaucoup de critiques, surtout en Allemagne, se plaisent à soutenir qu’elles le restèrent toujours ; mais cette hypothèse est bien difficile à concilier avec le ton des lettres et des poésies que le poète adresse à son amie dès les premiers mois de l’année 17X1 et où tout proclame que le « long noviciat » où il s’était vu condamné venait de prendre lin (V. E. Lichtenberger, Etude sur les poésies lyriques de Gœthe). Le voyage d’Italie fut mortel à leur amour. Peu après son retour (18 juin 1788), Gœthe se liait avec Christiane Vulpius qu’il devait épouser dans la suite. Charlotte ne voulut pas se contenterde l’amitié que le poète lui gardait ; elle se sépara complètement de lui. Des chagrins domestiques vinrent s’ajouter pour elle à la douleur de cette rupture ; elle trouva en Charlotte de Lengefeld, qui devint peu après la femme de Schiller, une amie fidèle et dévouée. Ses relations avec la famille de Schiller la rapprochèrent de Gœthe. Une maladie grave de ce dernier, en 1801 , fut entre eux l’occasion d’une réconciliation complète. M me de Stein entretint pendant une dizaine d’années des rapports d’amitié avec Gœthe et sa femme. En 1776, elle avait publié liino, petite pièce humoristique sur Gœthe et les dames de la cour, et, en 1794, une tragédie en cinq actes, Didon, toute pleine d’allusions à son propre abandon. H. Laudenbach.

Bibl. : Uœthe, Lettres a M m ’ de Stein, édit. Schôll, 1848-51, 3 vol. ; Francfort-sur-le-Main, 1883-85 ; Leipzig, 1886. (Les lettres de M m » de Stein à Gœthe ont été pour la plupart détruitesparelle.)— Erich Schmidt, Tagebucherund Briefe aus Italien an Fr. v. Stein und Herder ; Weimar, 1886. STEIN (Heinrich-Friedrich-Karl, baron de), célèbre homme d’Etat prussien, né à Nassau sur la Lahn le 26 oct. 1757, mort au château de Kappenberg (Westphalie ) le 29 juin 1831. Il fit ses études dans sa famille, à la campagne, puis alla étudier le droit, l’économie politique et l’histoire à Gœttingue (1773). Après un stage de quelques mois au tribunal d’empire de Wetzlar (1777), ne se sentant aucun goût pour la carrière juridique, il entreprit un long voyage à travers l’Allemagne du Sud, l’Autriche et la Prusse. Arrivé à Berlin (1780), il entra dans la carrière administrative où il ne tarda pas à révéler des aptitudes de tout premier ordre. Attaché pendant treize ans (1780-93) à l’administration des mines de Westphalie, il y déploya une énergie, une activité prodigieuses, alliant à une hauteur de vues peu commune un sens pratique qui tenait du génie, voulant tout voir de ses propres yeux, ne craignant pas de se remettre sur les bancs de l’école et d’entreprendre un voyage d’études techniques en Angleterre pour apprendre ce qu’il ignorait des choses desaprofession. Directeurgénéraldes mines et usines de Westphalie (1784), il fut chargé en 1785 d’une courte mission diplomatique auprès de l’électeur de Mayence, fut nommé en 1786 conseiller supérieur des mines, en 1788 directeur et en 1793 président de la Chambre des Domaines et de la Guerre de Clèves et Hamm. Dans ces fonctions, il eut à pourvoir au ravitaillement de l’armée prussienne et à prendre diverses mesures pour s’opposer à l’invasion française en 1796. Nommé la même année président général de toutes les Chambres de Westphalie, il se signala par d’importantes réformes et fut appelé en 1804 à succéder à Struensee au ministère ; il avait dans ses attributions les impôts indirects, les douanes, le commerce et l’industrie ; il mit de l’ordre dans tous les départements qui dépendaieut de lui, réalisa quelques réformes générales (abolition des douanes intérieures, réorganisation des impôts, création de bureaux de statistique, etc.), mais déplut au roi par l’intransigeance de ses idées en matière d’administration centrale, comme il lui avait antérieurement déplu par ses prophétiques avertissements sur les dangers que courait la Prusse. Il dut se retirer le 3 janv. 1807 et alla mûrir dans sa retraite de Nassau les vastes projets de réforme administrative auxquels il devait attacher son nom. Après Tilsitt, il parut, dans la détresse générale, seul capable de sauver le pays. Napoléon lui-même souhaitait sou retour aux affaires où il voyait une garantie pour le payement de la contribution de guerre qu’il avait imposée à la Prusse. Stein fut rappelé ; il arriva le 30 sept. 1807 à Memel où le roi se trouvait en attendant qu’on lui permit de rentrer dans sa capitale. Frédéric-Guillaume III se résigna à laisser le champ libre à son ministre qui exerça dès lors une véritable dictature. Entré en fonction le 4 oct. 1807, il publia dès le 9 oct. un décret qui supprimait les restrictions dont la propriété immobilière était encore grevée, ainsi que plusieurs autres vestiges de la féodalité. Le décret du 19 nov. 1808, autre œuvre considérable dont l’honneur revient en grande partie à Stein, réorganisait l’administration municipale. II travailla avec Scharnhorst à constituer une armée nationale et aida à la fondation de l’Université de Berlin. Il abolit le servage et les corporations, mais ces dernières en partie seulement, car il y voyait des groupements naturels de citoyens unis par des habitudes et des intérêts communs, et il songeait à les conserver en tant qu’institutions politiques et à leur faire une place dans l’administration communale. Mais le principal titre de gloire de Stein est son projet de réorganisation de l’admi-