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DEMANDE POUR DEUX.

appris madame de Suriac ? Si elle partage les goûts de son mari, j’imagine que vous devez être édifiée.

— Elle m’a proposé des billets pour un bal par souscription qu’elle organise au profit des réfugiés Monténégrins. J’en ai pris trois.

— Et vous avez bien fait, Hortense ; ah ! si toutes les familles suivaient l’exemple de ce digne ménage, il n’y aurait plus ni pauvres ni criminels en France !

— Mais, mon oncle, s’il n’y avait plus de pauvres et plus de criminels, il n’y aurait plus ni maisons de refuge, ni prisons. Que deviendraient les inspecteurs ? Ceci ne ferait pas le compte de M. de Suriac.

— Quoi ! ce que vous avez vu ne vous a pas converti ?

— Ma foi, j’ai vu une foule de cartons et de tiroirs tout cousus d’étiquettes : Mémoires sur les inondés Des Deux-sèvres… Maisons cellulaires… Système de Pensylvanie… Suppression de la gélatine… Quêtes à domicile… Hospice pour les orphelines de la Sarthe… Réforme dans le régime alimentaire… Souscriptions diverses… Plan d’un pénitencier modèle… Recherches sur l’emploi du navet et de la carotte substitués au riz… Préau d’aliénés… Pétitions à examiner… distributions de comestibles… Mémoires sur l’établissement d’un chauffoir public… J’ai vu bien d’autres choses encore ; mais j’ai vu aussi que M. de Suriac ne marche qu’en coupé, qu’il a vingt-quatre mille francs sur le budget à divers titres, qu’il achète par-ci par-là une ou deux terres, et qu’il mange, le pauvre homme, dans de la porcelaine de Chine. Quant à sa femme, elle ne saurait porter une robe si elle n’était de velours ou tout au moins