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SE LÈVE AVEC DES PUCES.

reux patron, s’écria un cavalier, pourquoi ne confierions-nous pas le but de notre réunion au seigneur comte Gamboa ? Il est homme à comprendre une plaisanterie.

— Mais voudra-t-il s’y associer ? dit la senhora Dorothea en jetant au gentilhomme une œillade irrésistible.

— Refuser d’être où vous êtes ! répliqua dom Bartholomeo ; mais, madame, je ne vous ai pas donné le droit d’insulter mon cœur et mes yeux.

— Voici de quoi il s’agit, continua un gentilhomme en pourpoint de satin vert ; un de nos amis, le marquis de Belcazer…

— Ne le connaissez-vous pas ? demanda brusquement dom César à dom Bartholomeo ; il me semble que vous m’avez parlé d’une lettre à son adresse ?

— Je l’ai justement sur moi, s’écria Gamboa.

— Le marquis de Belcazer, reprit le cavalier au pourpoint vert, a parié que jamais il ne serait arrêté par les voleurs qui pullulent, dit-on, aux environs de Lisbonne ; mille écus d’or sont le prix de la gageure. Aujourd’hui même, il doit venir à son château ; ce château est si près de Lisbonne que le comte n’aura certainement pas pris la précaution de se faire suivre par des domestiques armés. Nous allons nous embusquer derrière un bouquet d’arbres, et, vers le soir, quand il sortira de ses jardins pour se promener en bateau sur le Tage, nous fondrons sur lui…

— Un bandeau tombera sur ses yeux, dit dom César.

— Mon carrosse le recevra, reprit dona Dorothea ; nous partirons au galop ; deux heures après, nous arriverons à ma villa…

— Et le marquis de Belcazer se trouvera à table au