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CHAQUE POTIER

En quittant le propriétaire, M. Deslongrais et Gabriel Maugis se dirigèrent vers le faubourg Saint-Antoine, où demeurait un certain M. Louis Ferrandin qui était de leurs parents. M. Louis Ferrandin avait élevé une fabrique de produits chimiques à laquelle il consacrait tout son temps. La visite de ses parents parut le charmer ; mais lorsqu’il en connut le motif, il ne put dissimuler sa joie.

— Vous ne sauriez mieux vous adresser, s’écria-t-il ; ma fabrique a des relations immenses ; je couvre de mes produits les cinq parties du monde et leurs îles ; mais, pour donner à mon industrie tout le développement qu’elle comporte, il me faudrait encore à peu près cinq cent mille francs. Versez vos fonds dans ma fabrique ; nous nous associons, et la signature Ferrandin, Maugis et Cie, ira jusqu’aux antipodes. L’industrie est la reine du monde.

— Nous examinerons cela, dit M. Deslongrais. À bientôt, mon cher Louis.

— Et lui aussi ! s’écria Gabriel. Trouver M. Josse sous l’habit d’un cousin !

Une invitation à laquelle ils avaient promis de se rendre conduisit M. Deslongrais et Gabriel chez un agent de change, rue Laffitte. Quand ils arrivèrent, cinq cents personnes circulaient dans des salons qui pouvaient bien en contenir deux cent cinquante ; on en attendait trois cents encore. Bientôt le bruit se répandit dans le bal qu’un jeune homme, majeur depuis quelques heures seulement, cherchait à placer sa fortune et sa personne : six à sept cent mille francs et un joli garçon, deux choses charmantes auxquelles l’association prête un attrait irrésistible.

— Il faut, mon cher, vous marier, disait un vieux rentier