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UN BARBIER RASE L’AUTRE

Rodrigo, à plus de cent pas de là. Quel homme ! seigneur, quel homme !

L’alcade, avec orgueil. — Maître Figaro, tous mes alguazils sont de la même trempe ; je me flatte d’avoir l’escouade la plus aguerrie de tout Séville. Si vous voyez Barcino, dépêchez-le-moi, je vous en prie.

Figaro. — Comptez sur moi, noble magistrat.

(L’alcade sort.)

BARCINO, passant la tête à travers la porte entrebâillée de l’arrière boutique. — Est-il parti ?

Figaro. — Sans doute, gros animal. Sa voix t’a dégrisé, ce me semble ?

Barcino. — Quelle peur j’ai eue ! et quel cierge ne vous dois-je pas ? Disposez de moi, seigneur Figaro ; la nuit comme le jour, et le jour comme la nuit, je suis à vos ordres.

Figaro. — J’y compte bien, et je t’attends ce soir au coin de la Costanilla, près de la maison du docteur Bartholo. Ne demande ni pour qui, ni pour quoi tu y dois être ; sois-y seulement, et je te tiens quitte. J’entends quelqu’un : sauve-toi.

Barcino, s’enfuyant. — J’y serai, n’en doutez pas. (Entre la Colindrès.)

La Colindrès. — Vous voyez une femme au désespoir.

Figaro. — Qui peut donc, gracieuse dame, vous troubler à ce point ?

La Colindrès. — Mon mari est un monstre, seigneur Figaro.

Figaro. — Qui cela ? l’honorable alcade ?