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C’est pourquoi le progrès a été si lent, ne s’est fait qu’à la lueur des bûchers, et que, au siècle de la vapeur, de l’électricité, nombre de gens en sont encore aux croyances de l’âge de la pierre.

En l’école telle que nous la comprenons, les enfants apprendront à envisager la vie telle qu’elle est, à ouvrir les yeux sans peur, à regarder les choses en face, les hommes sans crainte ; ils apprendront à chercher, examiner, peser, discuter, critiquer, n’acceptant une solution que lorsque leur raisonnement la leur indique comme plus logique, et non parce qu’on la leur aura enseignée telle.

À cette heure où l’on fait des ligues pour apprendre aux individus à respecter les lois, en méprisant ceux qui sont chargés d’en assurer l’exécution, à certains autres à mépriser les lois pour garder toute sa foi à ceux qui les interprètent ; d’autres encore ayant la naïveté de croire qu’ils pourront faire respecter l’individu par les lois et ceux qui les font, nous, nous voulons simplement apprendre aux individus qu’ils doivent savoir se respecter, et se faire respecter, sans lois, envers et contre les lois, et leurs parasites.

Et en faisant ainsi, nous avons conscience de faire excellente œuvre révolutionnaire.

Car, lorsque aura crû le nombre des individus conscients de leur être, de leur rôle en la vie, de leur force et de leur volonté, c’en sera fait des dirigeants et des exploiteurs ; car, n’attendant plus leur émancipation de causes qui leur sont extérieures, ils sauront, ceux-là, vivre comme ils l’auront conçu, en renversant ce qui tentera de leur faire obstacle.



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