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Mais les causes économiques, dont je parlais tout à l’heure, ont fait leur œuvre. Après deux ans de propagande, nous avions en caisse 1 800 francs, lorsqu’il nous aurait fallu 30 000 francs au moins.

En commençant, certes, nous ne nous étions pas leurrés sur les difficultés à surmonter, nous savions que nous entreprenions une œuvre de longue haleine ; mais de ce train-là, nous risquions fort de n’ouvrir l’école que lorsque nous serions nous-mêmes retournés à l’état d’enfance. Autre inconvénient : les individus se détachent si facilement des choses qui traînent en longueur !

Pour intéresser les gens, il nous fallait mettre quelque chose sur pied, leur indiquer, déjà, un commencement de réalisation.

Des cours du soir coûtaient beaucoup moins cher à établir. Ne pouvant parler aux tout petits, nous parlerons aux grands. Si nous réussissons à réaliser tout ce que nous concevons, peut-être trouverons-nous, par la suite, les concours nécessaires qui nous permettront de réaliser notre idée première.

Certes, le programme que nous vous présentons est bien restreint. Comme vous l’expliquera tout à l’heure l’ami Quillard, en vous parlant des sujets qui seront traités, infini est le nombre des connaissances humaines, et nos six pauvres cours font piètre figure.

Mais il s’agissait avant tout de commencer. Nous ne nous sommes pas arrêtés à la simplicité de notre liste. Une fois l’exemple donné, les adhésions nous viendront. Déjà, nous avons quelques promesses pour la suite. Chaque année, nous en sommes convaincus, nous pourrons ajouter quelque sujet nouveau aux choses enseignées, un nouveau nom à la liste des six camarades de la première heure.

Ce n’est pas que manquent les gens capables d’avoir une vision nette des choses. Mais, on ne saurait trop y insister, les conditions économiques sont telles, que la plupart ne peuvent dire tout haut ce qu’ils pensent, et que le simple fait de venir ici essayer d’expliquer leur façon de concevoir les choses, les