Page:Grave - La Grande Famille.djvu/122

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avait perdu le peu de fraîcheur qu’il avait recouvrée avant d’y venir, mais il était devenu encore plus maigre. La tunique qu’il avait reçue en arrivant, lui était trop large. Rien que de se sentir cet uniforme sur le dos, cela le minait ; il ne pouvait se soustraire à l’obsession. Il se désespérait en songeant au peu de temps qu’il avait fait et n’aspirait qu’à sortir de cet enfer : être libéré, redevenir libre, pouvoir enfin vivre à sa guise, sans subir la tyrannie de personne !

Son père guéri était de retour à Paris. À certaines phrases de ses lettres, il avait compris qu’il voulait se remarier ; mais cela lui importait peu, étant décidé à rester seul, à ne plus supporter aucune contrainte, il n’avait nullement l’intention de reprendre la vie en commun.

Et il arrangeait son existence à venir. Au début, il aurait à travailler pour sortir de la dèche, se faire un intérieur, mais une fois remis à flot, il se créerait une famille. D’une nature affective quoique peu expansif, il avait besoin d’aimer et de se sentir aimé.

Avoir une compagne, s’associer à un être qui l’aimerait et sur lequel il pourrait verser les trésors de tendresse qu’il avait dû toujours refouler en lui, quelle perspective ! comme il se sentait revivre ! l’avenir s’ouvrait radieux devant lui. Plus