Page:Grave - La Grande Famille.djvu/161

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clé grinça dans la serrure, la porte s’ouvrit, livrant passage au caporal de consigne et à l’adjudant de semaine auquel il était venu l’idée d’embêter les hommes punis en les réveillant au milieu de la nuit.

Au cri de « Fixe ! » poussé par le caporal de consigne, les marsouins se mirent debout, au pied du lit de camp. Seuls, les quatre artilleurs, qui étaient à une des extrémités de la planche, continuèrent de ronfler, ou tout au moins, d’en faire semblant.

— Et ces hommes ? gronda l’adjudant, vexé du peu d’empressement qu’ils mettaient à lui rendre les honneurs, qui sont-ils ? Pourquoi ne se lèvent-ils pas ?

— Mon lieutenant, fit le caporal, ils ne sont pas de chez nous ; ce sont des artilleurs.

— Qu’est-ce que ça me fout, qu’ils ne soient pas de chez nous, gueula Verduret, — c’était le nom de l’adjudant — ils sont chez nous, n’est-ce pas ? Je veux qu’ils se lèvent. Et il alla les secouer.

Nos quatre lascars, après s’être bien fait tirer l’oreille, finirent par se mettre sur leur séant, regardant sans bouger, mais de l’air le plus innocent qu’ils purent prendre, l’adjudant qui les regardait d’un air courroucé.

— Allez-vous vous lever ? hurla celui-ci.

— Oui, mon lieutenant, répondirent en chœur