Page:Grave - La Grande Famille.djvu/36

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de la chambre, dont on ne s’occupait pas d’habitude ; qui, depuis le commencement de l’hiver n’avait pas eu la moindre brindille à brûler, que deux hommes se mirent à noircir et à brosser ; on apporta tout auprès, une pile de bois qui fut symétriquement rangée.

Puis, quand le premier coup de feu fut passé, les soldats purent respirer un peu : caporaux, sergents et officiers avaient visité et revisité toute l’installation ; on n’attendait plus que la venue du colonel. Sans trop s’éloigner de leurs places, les soldats causaient par petits groupes.

Caragut s’entretenait, avec quelques camarades, de la première marche que les recrues avaient faite depuis leur arrivée au corps ; elle leur avait semblé dure, et ils s’en rappelaient les diverses péripéties.

— Hein ! fit Mahuret, as-tu vu la bille que faisait Pouliard, aux haltes, lorsque les autres allaient boire, alors qu’ayant, la veille, mangé tout son argent avec Loiseau et Bouzillon, il était, lui, forcé de se brosser le ventre ?

Il espérait que les autres allaient l’inviter ! il fallait le voir les suivre piteusement des yeux, jusqu’à ce qu’ils fussent entrés dans les débits, mais, du moment qu’il était sans le sou, ceux-ci ne faisaient pas plus attention à lui que s’il n’existait