Page:Grave - La Société future.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sentaient moins couverts par la loi, peut-être seraient-ils moins féroces ?

L’adultère lui-même n’est-il pas un produit de la loi imbécile qui se mêle de réglementer les rapports sexuels ? de la société qui fait intervenir des considérations économiques, là où il ne devrait y avoir que des sentiments, qui entrave l’association de deux amants et veut ensuite empêcher leur séparation ? N’est-ce pas la faute de toutes ces entraves morales et matérielles, de la fausse éducation reçue si, de tout cela, il en ressort l’hypocrisie et le mensonge ? La société réprouve deux époux qui, ne sympathisant plus, se séparent, mais couvre de son indulgence ceux qui, gardant les apparences, se trompent assez discrètement pour ne pas trop faire parler d’eux. De quoi se plaint-on ?

Basée sur le mensonge, l’hypocrisie et la duplicité, la société ne peut engendrer que la violence et l’ignominie. Même dans les rapports qui paraissent le mieux avoir leur source dans les seules convenances individuelles. Comprimée dans ses aspirations les plus intimes, forcée de mentir et de dissimuler, soit pour ménager des susceptibilités, soit pour ne pas se rendre la vie impossible dans un milieu social absurde, l’individualité humaine se ratatine, s’atrophie et se pervertit, à moins que, parfois, elle ne se venge en éclatant.


Les crimes supprimés ou écartés, les attaques à la propriété rendues impossibles, que reste-t-il à craindre ? — Les petites tracasseries de voisin à voisin, la menue monnaie de nos tribunaux civils et correctionnels, cela vaut-il vraiment la création de ce formida-