Page:Grave - La Société future.djvu/158

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complexe, vivant, et englobant l’humanité tout entière dans son organisme. La société serait un être dont l’individu ne serait que la cellule ; et la cellule selon la théorie des prêtres de l’économie, étant une dépendance de l’être complet, il s’ensuit que l’individu humain doit être l’esclave de la société humaine.

Et c’est en partant de cette théorie que les thuriféraires bourgeois prétendent justifier le maintien du salariat, l’asservissement des prolétaires. Pour eux la société est un organisme naturel qui évolue et qui, pour se développer, a le droit de transformer, triturer, selon ses besoins, les individus qui font son existence. Le criterium qu’ils ont pour prouver que la société évolue et progresse, c’est lorsqu’elle déploie ce luxe énorme au milieu duquel se vautrent les privilégiés, c’est lorsque les capitaux s’accumulent entre les mains d’une minorité, se livrant à une sarabande insensée de milliards pour éblouir les foules.

Mais, que ce luxe d’une minorité, ait sa contrepartie dans la misère hideuse du plus grand nombre, que cette accumulation de capitaux, entre quelques mains seulement, ne se fasse qu’au détriment de ceux qui les font produire par leur travail, de cela ils n’en ont cure. Que des millions d’individus crèvent de faim, pourvu que le chômage ne soit occasionné que par l’encombrement des magasins, pourvu que l’on puisse citer des fortunes comme celles des Rothschild, des Vanderbilt, des Jay Gould ou des Mackay, la société est riche ! tellement riche, qui’encombrée de produits, elle est contrainte de faire la guerre aux « sauvages » pour les forcer à mettre des culottes, alors que l’idéal de ces pauvres diables serait d’aller le cul nu, et les manches pareilles ! Si excessivement riche,