Page:Grave - La Société future.djvu/174

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nuera de vivre, — l’épiderme prenant la place des parois digestives, — comme si rien d’anormal ne s’était produit dans son existence !

Que l’on prenne certaines hydres d’eau douce, que l’on en retourne une et qu’on l’introduise dans l’intérieur d’une un peu plus grande, les deux muqueuses se souderont, les deux animaux n’en feront plus qu’un, qui continuera de vivre sans se trouver gêné de cette augmentation de son individu, sans paraître se douter, qu’avec plus de droit que les anciens autocrates, il pourrait parler au pluriel.

Veut-on faire l’expérience contraire : prendre un individu de cette espèce et le découper en plusieurs morceaux ? — autant de morceaux que l’on aura faits, autant d’individus que l’on aura créés, qui vivront et ne tarderont pas à se compléter, en sécrétant les parties de leur individu qui leur manquent.

Ce n’est donc qu’à la suite de l’évolution et de la progression de l’organisme, qu’elles constituaient, que les cellules primordiales en sont venues, peu à peu, à se spécialiser dans leur tâche, et à perdre leur facilité de transformation. Mais, en devenant solidaire de la colonie, nous l’avons vu, la cellule n’est pas devenue sujette. Sa solidarité est devenue si étroite avec ses coassociées que si elle refusait d’accomplir son travail, la colonie périrait, ou tout au moins en souffrirait[1], mais elle serait la première atteinte par le malaise, elle subit la contrainte des seules lois naturelles de son mode d’existence, et non une punition arbitrairement infligée par une certaine classe de ses coassociées.

  1. À moins, pourtant que la colonie ne l’élimine et ne procède à son remplacement.