Page:Grave - La Société future.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étalon de taille au-dessous duquel l’on rognerait ceux qui le dépasseraient, et qui ferait tirer à quatre chevaux, pour les allonger, ceux qui ne l’atteindraient pas, une couleur uniforme de cheveux que tous devraient adopter s’ils ne voulaient être passibles des peines les plus sévères.

Il faut être absolument crétin pour s’imaginer que les anarchistes aient voulu faire décréter cela. Et ceux qui nous prêtent des billevesées semblables argumentant là-dessus, prétendent faire partie de l’élite intellectuelle !

Chacun naît avec son tempérament, ses aptitudes, ses qualités morales et physiques, transformables peut-être, mais en tout cas différentes, chacun porte en soi sa future évolution impulsée par les contingences qui l’ont élaboré et poussé à la vie, cette évolution pourra être facilitée, entravée et même déviée par les circonstances et les milieux futurs, mais n’empêche que chacun naît avec des aptitudes particulières qui domineront toujours dans son évolution, et c’est l’égalisation de ces aptitudes que l’on nous accuse de vouloir décréter !

Nous voulons que chacun ait la possibilité d’évoluer et de développer ses facultés en toute liberté ! Nous ne voulons pas que tous mangent à la même gamelle, du même brouet, mais nous voulons que tous aient à manger, à leur faim, ce que leurs goûts leur permettront d’acquérir en aiguisant leurs facultés dans le sens de leurs désirs ; nous voulons que tous puissent être heureux, non pas en décrétant une mesure commune de bonheur, un étiage de félicité auquel chacun serait astreint de prendre sa part sous peine d’emprisonnement, mais en laissant à chaque individu le soin