Page:Grave - La Société future.djvu/195

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fournit, lui, aux besoins matériels qui, s’ils n’étaient pas satisfaits, ne laisseraient aucune chance aux progrès intellectuels de se faire. Nous n’en tirons pas la conclusion que le travail du paysan est plus nécessaire à l’homme que celui du savant, mais nous disons que, dans une société bien organisée, ils se complètent l’un l’autre, qu’ils doivent être libres de rechercher leur bonheur chacun selon leur conception, sans que l’un ait le droit d’opprimer l’autre.


Les partisans de la suprématie intellectuelle vont en conclure de là que nous prétendons rabaisser l’intelligence, que nous prétendons mettre tous les hommes au même niveau, qu’ils ont raison de nous accuser de haïr l’élite, de travailler à la réalisation d’une moyenne qui serait la décadence de l’humanité.

Nous avons démontré que, dans notre société, les intellectuels, pour se développer, n’auraient que de l’énergie à dépenser pour se créer un milieu qui leur donnerait des résultats bien autrement efficaces que le régime capitaliste qui tue chaque jour nombre d’intelligences dans leur germe. Nous le savons, hélas, tous les individus n’atteignent pas le même degré de développement, et la moyenne de la masse offre toujours un degré moindre qui représente l’esprit de conservatisme, rétrograde même parfois.

Seulement le régime capitaliste travaille à agrandir le fossé qui sépare les plus intelligents de ceux qui le sont moins, à abaisser, par conséquent, le niveau moyen de l’intelligence. Nous, nous voulons que ceux qui sont beaucoup intelligents aient toutes les facilités de le devenir encore plus, mais nous voulons aussi que ceux qui le sont moins aient la possibilité d’en