Page:Grave - La Société future.djvu/196

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acquérir quelques bribes de plus. De cette façon nous aurons rapproché les intellectuels de la masse, non pas en les rabaissant, comme on feint de le craindre, mais en élevant le niveau de la moyenne. Nous le savons, toutes les facilités voulues ne feront jamais un Lamarck ou un Darwin d’un microcéphale, mais les microcéphales ne sont que des accidents, et ceux que l’on taxe de stupidité peuvent monter quelques échelons de plus dans l’échelle des connaissances humaines, sans en retirer à ceux qui sont déjà plus haut. L’intelligence est une chose si ténue, si difficile, sinon à apprécier, du moins à doser, qu’il convient d’être modeste en s’attribuant cette qualité.

À bout d’arguments, les souteneurs de la société se retranchent derrière cette supposition : le besoin, pour l’élite, d’avoir un personnel sous leurs ordres pour faire les basses besognes, eux devant consacrer tous leurs instants à leurs études, à leurs recherches ; la nécessité, par conséquent, d’une division de la société en classes spécialement attachées à produire pendant que les autres dirigent et étudient !

Il nous suffira de lire l’histoire des découvertes faisant époque dans le développement des progrès humains pour constater l’inanité de cette argumentation. Le plus grand obstacle aux idées nouvelles, les plus grands ennemis de ceux qui apportaient des vérités nouvelles ont toujours été la science officielle et les savants en place, ceux qui, justement, étaient mis à même de ne pas s’inquiéter des besoins de la vie matérielle, qui pouvaient exclusivement s’adonner à leurs études, à leurs recherches !

Depuis la Sorbonne qui persécutait, comme héré-