Page:Grave - La Société future.djvu/209

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est forcé de convenir que la société est mal faite, et les arguments qu’ils apportent en sa faveur ne sont plus une justification hautaine, précise, c’est un commencement de justification, sous le vague prétexte que l’on n’a pas encore trouvé mieux, la peur de l’inconnu qu’entraînerait un changement brusque. Le système qui en est réduit là, est jugé, il a conscience de sa propre ignominie.

Non, l’individu ne doit pas accepter de restrictions à son développement, il ne doit pas subir le joug d’une autorité quel que soit le prétexte dont elle s’appuie. Lui seul est à même de juger de ce dont il a besoin, de ce dont il est capable, de ce qui peut lui être nuisible. Lorsqu’il aura bien compris ce qu’il vaut, il comprendra que chaque individu a sa valeur personnelle, qu’il a droit à une égale liberté, à une égale expansion. Sachant faire respecter son individualité, il apprendra à respecter celle des autres.

Les hommes ont à apprendre que, s’ils ne doivent subir l’autorité de personne, ils n’ont pas le droit d’imposer la leur, que le mal fait à autrui, peut se tourner contre l’agresseur. Le raisonnement doit faire comprendre aux individus que la force dépensée à enlever à un autre individu une part de jouissance, est autant de perdu pour les deux concurrents.

On a accusé les anarchistes de s’être fait un idéal faux de l’espèce humaine, d’avoir imaginé un être essentiellement bon, sans aucun défaut, capable de tous les dévouements et d’avoir tablé là-dessus, une société impossible qui ne pourrait exister que par le renoncement de chacun pour le bonheur de tous.

C’est une profonde erreur, ce sont les bourgeois et les autoritaires qui méconnaissent la nature humaine,