Page:Grave - La Société future.djvu/286

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nous n’avons pas à nous en occuper, nous reprenons notre argumentation.

Si la révolution sociale, telle que nous la comprenons, s’était faite, c’est donc que la majorité des individus aurait compris les bienfaits de la solidarité, de l’aide mutuelle, les dangers du parasitisme ; ces individus agiraient de façon à empêcher le retour des abus qu’ils auraient détruits, les fainéants ne seraient qu’une minorité parmi eux. Nous verrons plus loin que l’on ne règle pas les rapports sociaux d’après des exceptions.

Aujourd’hui, le ventre creux, sevré de toutes les jouissances qu’il crée, le travailleur accepte de courber l’échine pour engraisser un tas de parasites de tous poils et de toutes robes ; presque tous le trouvent même très naturel, et dans une société où les conditions de travail seraient améliorées, au point de le rendre attrayant, où la durée en serait limitée par la volonté de l’individu lui-même, où tous seraient assurés de la satisfaction intégrale de leurs besoins, sous la seule condition de travailler eux-mêmes à la production de ce qui leur serait nécessaire, on semblerait craindre que les individus pris tout à coup d’une paresse dont on n’a jamais vu, à aucune époque, d’exemple, se refuseraient à produire pour eux-mêmes et préféreraient, ou crever de besoins, ou recommencer la guerre pour s’asservir les uns les autres ! C’est insensé !

Sous le prétexte que quelques individus, assez corrompus par l’état de choses actuel pourraient se refuser au travail, on voudrait que nous allions de gaîté de cœur nous donner des maîtres pour les forcer au travail. Allons donc, ne serait-il pas plus profitable