Page:Grave - La Société future.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sent. Faites une société où les individus pourront choisir leurs occupations et vous verrez les plus fainéants se rendre utiles.

Ces hommes livrés à eux-mêmes dans une société où la règle serait le travail, auraient bientôt honte de leur situation équivoque au milieu de ceux qui s’occuperaient. Si nous ne voulons pas de force pour contraindre les fainéants au travail, nous ne demandons pas non plus qu’ils soient traités avec respect, et que, chaque matin à leur réveil, on vînt étaler à leur choix ce qui pourrait le plus flatter leurs désirs.

Si, dans la société actuelle, on tolère à côté de soi nombre de parasites, c’est que les mœurs et l’organisation sociale leur font une place spéciale dans notre monde, mais de beaucoup, déjà, on commence à s’écarter. Le maquereau ne se vante de ses fonctions que dans son milieu, la plus grande partie de la population évite toute accointance avec eux. Le bourreau qui est un fonctionnaire public, a été de tous temps mis à l’index. Si beaucoup d’autres fonctions ne sont pas encore tombées si bas, elles perdent de plus en plus de leur prestige. Il n’y a plus que certaines momies du passé pour les glorifier encore, la plupart de leurs partisans en sont déjà à plaider les circonstances atténuantes des nécessités sociales.

Nous nous imaginons que dans la société future, il en serait de même à l’égard de ceux qui voudraient vivre en parasites. Ceux qui produiraient pourraient par compassion se laisser gruger dans une certaine mesure par les pique-assiettes, tout en laissant entrevoir le dégoût que leur inspirerait cette position inférieure. Plutôt que d’accepter une situation semblable, le pique-assiette chercherait à se rendre utile