Page:Grave - La Société future.djvu/293

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Toutes ces considérations modifieront la manière de faire des individus, et influeront sur le choix de leurs relations, détermineront certaines façons de faire dans leurs groupements. Multiples en seront les formes qui en découleront.


Or, dans des groupes établis dans ces conditions, qu’est-il besoin de chefs ? — Avant de se constituer en groupe, les individus se seront préalablement consultés sur leurs désirs, leurs aptitudes ; ils sauront d’avance sur quelles parties du travail se porteront leurs préférences ; dans des conditions semblables, la distribution du travail se fera toute seule, par le libre choix des individus. Et cela d’autant plus facilement, que l’individu qui, dans la répartition de la besogne ne trouverait pas la satisfaction qu’il y cherchait, n’aurait pas besoin d’y entrer, et n’aurait qu’à chercher ailleurs, si on lui refusait les quelques concessions que l’on se fait toujours lorsqu’on procède à l’amiable.

Ce qui fait aujourd’hui — et c’est ce qui se produirait dans toute société qui maintiendrait le salariat — qu’un ouvrier préfère tel travail à tel autre, c’est que ce travail donne plus de profit, davantage de considération. Mais le salariat aboli, toutes les fonctions inutiles étant également supprimées, ce seront les seuls besoins ou aptitudes qui impulseront les individus ; l’entente, entre individus qui se groupent pour une œuvre commune, est des plus faciles lorsque l’intérêt individuel ne peut plus se glisser entre eux.

Une autre des causes encore qui contribue à confiner les individus dans une spécialité de travail — cause d’abrutissement et de rétrécissement des facultés