Page:Grave - La Société future.djvu/309

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pôt leur avait soustraits, et les garder religieusement pour ceux qui devaient s’en servir pour les river à l’esclavage. Ils auraient pu faire mieux, mais c’est un exemple que, dans les périodes de lutte, on peut faire fond sur les idées généreuses de la masse.

On nous parle toujours d’évolution ! mais, parbleu ! nous le savons fort bien qu’il faut que l’évolution se fasse dans les esprits avant de passer dans les faits ; et c’est parce que nous savons qu’une idée, quelle que soit sa justesse, ne s’impose pas si les masses ne sont pas préparées à la recevoir, que chaque individu doit essayer de faire cette évolution en propageant ses idées, telles qu’il les conçoit avant que la révolution, qui se prépare, ne nous surprenne.

Quant au jour de la révolution, lorsqu’elle sera venue, nous y mettrons nos idées en pratique, appellerons, par notre exemple, nos compagnons de misère à nous imiter. S’ils nous suivent dans notre action, c’est que l’évolution sera faite, si au lieu de nous imiter, obéissant à ceux qui les trompent pour les exploiter, ils nous tirent dessus, c’est que l’évolution ne sera pas faite, et alors nous succomberons, certainement, sous les coups de l’autorité qui sortira de la révolution en cours. Mais, par le peu que nous aurons pu faire, nous aurons lancé nos idées dans le domaine des faits.

Lorsque les travailleurs, retombés sous le joug de nouveaux maîtres qui continueront à les exploiter de plus belle, s’apercevront qu’ils n’auront, encore une fois, tiré les marrons du feu que pour quelques seuls intrigants, ils réfléchiront et se diront que nous avions raison de leur apprendre qu’il ne faut pas se donner de maîtres. Si les faits accomplis par les anar-