Page:Grave - La Société future.djvu/318

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d’étroite solidarité s’établirait entre les membres d’un même groupe. Toucher à l’un serait se mettre tout le groupe à dos. Or, un individu ferait nécessairement partie d’une infinité de groupes. Plus il aurait fait preuve de sociabilité avec ses coassociés, plus il aurait développé de solidarité, plus il serait estimé, et plus grande serait la somme de solidarité qu’il pourrait en attendre. Loin d’être faible, désarmé devant l’oppression comme on veut bien le croire, il disposerait d’énormes moyens de défense, qu’il ne pourrait qu’amoindrir s’il voulait, au contraire, se montrer agressif.

Nous ne devons pas oublier que notre esclavage politique provient de notre asservissement économique, n’a de raison d’être que la défense des privilèges des possédants ; que ce sont ceux qui n’ont rien à défendre qui sont forcés de fournir la force qui doit protéger les spoliateurs contre les réclamations des spoliés.

Quand les hommes auront acquis la liberté économique, quand ils n’auront plus, parmi eux, des dispensateurs des produits naturels et industriels, quand ces produits seront à la libre disposition de ceux qui peuvent les utiliser, alors là, mais là seulement, ils seront libres et égaux. Pouvant satisfaire à tous leurs besoins, ils n’auront plus à subir l’autorité de personne et ne la subiront pas, se sentant à armes égales contre celui qui voudrait les dominer.

Mais, ayant compris les leçons du passé, ils sauront que l’injustice appelle l’injustice, la violence provoque la violence. Ne voulant pas subir de joug, ils comprendront qu’ils ne doivent pas, eux-mêmes, chercher à opprimer autrui sous peine de représailles. Voulant rester libres, ils respecteront la liberté des autres.