Page:Grave - La Société future.djvu/369

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On nous objectera, sans doute, que, jusqu’à présent les œuvres que l’on a voulu faire servir à la propagation d’une idée, ont toujours péché par la forme. C’est du reste l’objection qui nous a été le plus souvent faite. Elle peut être fondée. Mais il y a peut-être, aussi, des œuvres de propagande qui ont une valeur artistique. Ce serait une statistique à faire, mais fort probablement, la plus grande partie des œuvres de combat, surtout en littérature, ont dû être inférieures comme art. Qu’est-ce que cela prouve ?

Qu’une chose, c’est que les auteurs pouvaient avoir une forte conviction de leur idée, mais qu’ils manquaient du talent nécessaire pour faire une œuvre d’art. Ou, s’ils possédaient ce talent, emportés par l’obsession de l’idée, comme il arrive parfois pour l’homme fortement convaincu, ils se sont laissés entraîner, au delà de l’expression ; voulant trop prouver, négligeant ce qui contrecarrait leur idée, ils n’ont voulu voir que ce qui la flattait et y ont tout rapporté, ils n’ont pas été vrais. Et, quoi qu’on en dise, le Vrai est encore ce qu’il y a de mieux en art.

Nous n’avons jamais vu le tableau de Picchio, Le Triomphe de l’ordre, et l’aurions-nous vu, nous ne nous connaissons pas assez en peinture pour pouvoir décider de sa valeur, mais qui oserait affirmer que, avec du talent, on ne pouvait pas faire, avec un pareil sujet, une œuvre d’art, et que l’idée elle-même, ne devait pas y contribuer ?

Est-ce que Germinal de Zola ne restera pas un de ses meilleurs volumes ? On nous dira que Zola n’a jamais voulu faire un livre de propagande socialiste. D’accord, mais qu’a-t-il voulu représenter : la lutte