Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/135

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À part cela, les policiers, même gradés, sont des honnêtes gens !

Au commencement de la semaine, un employé de la poste me remit une liste de camarades dont la correspondance devait être saisie à la poste. Un coup de filet se préparait, évidemment. Il n’y avait qu’un moyen d’y échapper, prendre la fuite. Ç’aurait été prudent mais fort peu courageux. Il n’y avait qu’à voir venir.

Le samedi suivant, il n’était pas encore cinq heures du matin, on frappait à ma porte, rue Monge. Ayant demandé qui était là, ce fut la concierge qui me répondit. Elle avait quelque chose à me dire !

Quelque chose à me dire ! à cette heure de la nuit ! j’étais fixé. Cette fois j’étais pris. J’ouvris la porte et deux ou trois policiers se précipitèrent — c’est le mot — sur moi.

À la fin, ayant consenti à me laisser m’habiller, ils fouillèrent un peu partout, et finirent par découvrir un paquet de lettres. Toutes émanaient de littérateurs avec lesquels j’étais en correspondance pour le Supplément. Ça ne pouvait compromettre personne.

De la rue Monge, je fus mené au poste du Panthéon, où on me fit attendre le jour. Le commissaire me confia à deux acolytes pour me mener au Dépôt lorsqu’il serait une heure décente. En route, ces messieurs me proposèrent de prendre le tramway, mais je tenais à jouir du peu d’air libre qui me restait à respirer, je préférai marcher. Plus loin, ils m’offrirent d’aller prendre quelque chose, sur le zinc, me faisant remarquer avec quels égards ils me traitaient. Mais je déclinai leur nouvelle offre.

Arrivé au Dépôt, je fus bouclé. Comment cela se terminerait-il ?