Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/178

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Je n’ai jamais vu tirer dans le dos des anciens camarades avec autant de désinvolture et avec moins de raisons.

Le plus risible de l’affaire, ce fut une lettre que m’envoya le camarade Wintsch, de Lausanne, ou il m’adjurait de cesser mes attaques contre Dunois ! Or, il n’y avait eu, jusque-là, que celles de Dunois contre le groupe des Temps Nouveaux.

Je demandai à Wintsch s’il n’était pas un ironiste. Ma lettre resta sans réponse.

Avant de commencer sa campagne, Dunois m’avait écrit de ne plus compter sur lui. Il m’envoyait Desplanques pour le remplacer.

Que Desplanques pût accepter de venir aux Temps Nouveaux, cela m’étonna. Quelque temps auparavant, ayant une discussion d’opinions avec Girard, il avait dit à ce dernier que, sans doute, « il avait vu cela du haut de son observatoire de la rue Broca ! »

Ce n’était méchant que d’intention, mais impliquait un profond dédain pour notre journal. Après tout, puisque Desplanques n’avait plus aucun ressentiment contre ce qu’il appelait l’observatoire, je n’en avais pas davantage. Au contraire, quelqu’un de la C. G. T. pouvait nous être très utile pour notre « Mouvement ouvrier ».

Desplanques resta un an ou deux avec moi, Mais le journal commençait à péricliter. Desplanques me dit qu’il voyait bien qu’il n’y avait plus de travail pour lui, que je pouvais faire seul ce qu’il y avait à faire et économiser ainsi ce que je le payais ; qu’il continuerait à m’envoyer du « Mouvement ouvrier ».

Au lieu de le remplacer, je résolus de ne plus paraître que tous les quinze jours.

Mais j’ai anticipé. Revenons en arrière.

Dès la première année, recommencèrent les difficultés financières. Pour faire des économies, je dus avoir recours à la suppression de numéros ou de suppléments.

Pour couvrir le déficit, je demandai à Reclus de venir faire une conférence au bénéfice du journal. Bien préparée, elle pouvait attirer un grand public et produire une somme