Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/210

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la localité. Sans dire des choses épatantes, il resta décent et sensé.

Mais le type du genre fut l’individu se faisant appeler N’importe-qui.

C’était au commencement de mon retour à Paris. Méreaux me parlait souvent d’un type qui, depuis quelque temps fréquentait les réunions de son groupe, prenant part à leurs discussions. L’homme lui semblait d’une intelligence peu commune, et une recrue excellente.

À la fin, il me l’amena. Il était, en effet, intelligent, quoique sans culture, avec des prétentions à l’homme du monde. Mais, comme je fus à même de le constater par la suite, il était un peu trop enclin au paradoxe, à la boursouflure, et son intelligence prenait, trop souvent, les chemins de traverse.

Mais, déjà, je supportais l’individu plus qu’il ne m’agréait. On se fatigue vite des faiseurs de paradoxes et des cyniques. Il m’était devenu plutôt antipathique. Peu de temps après son apparition dans les groupes, il avait été arrêté comme déserteur. Heureusement pour lui, une amnistie fut votée au moment de son arrestation. Il s’en tira en n’ayant que son temps de service à finir.

Pendant sa désertion, il vendait des livres pornographiques à Bruxelles. Il y avait quelque chose de visqueux dans sa poignée de mains.

C’est lui également qui m’envoya les articles contre Armand, dont j’aurai à parler dans le chapitre sur les « mouchards ».

Pour donner une idée de sa tournure d’esprit, le fait suivant :

Dans Le Libertaire, signé d’un nom fantaisiste, parut un éreintement des Temps Nouveaux. Malgré le changement de signature, je reconnus la « patte » de mon type. Et je ne fus pas peu amusé lorsque, à quelques jours de là, je reçus un article où, à son tour, Le Libertaire en prenait pour son grade. Sans avoir le « flair d’artilleur » j’en reconnus la