Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/289

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nous décidâmes que, au lieu d’aller à Londres, nous l’inviterions à Clifton.

Je pensais l’inviter à un restaurant. — Nous étions chez mon beau-frère. — Mais quand j’en parlai à ce dernier, il ne voulut pas entendre parler de restaurant, me disant de l’inviter à la maison et, poussant la gentillesse jusqu’à lui offrir l’hospitalité pour la nuit. Loyson arriva un dimanche à Clifton. Mais il devait retourner à Londres le même après-midi, où il avait rendez-vous.

Il me raconta que, lieutenant de réserve, il avait concouru comme interprète, (langues italienne et anglaise). Il était chargé de la propagande chez les neutres, sous la dépendance du Ministère des Affaires Étrangères.

Il avait suivi mes articles dans La Bataille, et n’avait pu s’empêcher de me dire son contentement de voir que j’avais pris la droite ligne, malgré l’accusation de trahison que certains anarchistes lançaient contre moi.

Il me dît encore qu’il était intervenu pour d’autres auprès de la censure et me donna à entendre qu’il était prêt à me rendre le même service le cas échéant. Ce dont je le remerciai. Quoique la censure ait continué par la suite à sabrer mes articles, je jugeai inutile d’en appeler à Loyson.

Cependant, comme La Libre Fédération, de Wintsch, venait justement de se voir interdire l’entrée en France, je lui demandai d’intervenir. Mais il était déjà, dit-il, en rapports avec Wintsch, et avait commencé des démarches.

Plus tard, de France, il m’envoya copie d’un rapport, pour faire parvenir à Wintsch, qu’il adressait à son supérieur au sujet de l’interdiction de La Libre Fédération. Pourquoi me prît-il comme intermédiaire au lieu de l’envoyer directement à son destinataire ?… C’est ce que je me demande encore.

Je l’accompagnai au train ; il m’embrassa avant de partir. C’était une amitié qui lui était poussée bien vite. Elle lui passa, du reste, aussi vite. Je le revis, chez lui, après l’armistice, où il nous avait invités, ma femme et moi. Et ce fut fini.

Nous étions prêts à partir pour Tenby, dans la Galles