Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mon pouvoir, je crois que j’aurais accédé à son désir. Au cours de la conversation, elle s’excusa de ne rien pouvoir faire pour la propagande : « On » ne lui laissait rien.

Je lui dis de ne pas se tourmenter là-dessus, que je n’étais venu que pour savoir si je pouvais lui être utile.

De mes relations, je ne pouvais, du reste, lui procurer ce qu’elle m’avait demandé.

J’y retournai le lendemain, mais on ne me permit pas d’entrer. Je n’avais qu’une chose à faire, reprendre le train.

Quelques semaines après, le même camarade m’apprit qu’elle était morte. Le consulat russe avait mis l’embargo sur ce qu’elle laissait. Si elle avait laissé un testament, il n’en fut jamais question.

D’après le même camarade, qui avait rangé ses papiers avec elle, sa fortune devait se monter à un million de roubles.

Dans une garnison de l’Est, se trouvait un sergent, nommé Guillon, qui, à plusieurs reprises, se fit envoyer des colis de brochures qu’il distribuait autour de lui.

Un jour, le chef de gare s’avisa de fouiller dans le paquet, et avertit l’autorité militaire. Guidon fut arrêté en allant retirer le colis.

Mais son arrestation eut un contre-coup. Des perquisitions furent opérées dans le paquetage des hommes de la compagnie de Guillon. Dans celui d’un nommé Dubois-Desaulle on trouva un journal qu’il s’amusait à écrire, où l’autorité militaire était fortement maltraitée.

Ce fut suffisant pour l’envoyer aux compagnies de discipline.

Pour Guillon, j’avais été averti de l’arrestation et j’avais pu faire faire un peu de tapage dans la presse. On se borna à le traduire devant un conseil de corps qui l’envoya finir les six mois de service qui lui restaient à faire dans un régiment d’Afrique.

Mais pour Dubois-Desaulle, ce ne fut que lorsqu’il déserta de la compagnie de discipline où il avait été envoyé par