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EN RACONTANT

et au bout de dix ans, ils donnent de jolis revenus, le rendement de quelques arbres étant évalué à cent piastres par année. Les oranges mûrissent généralement en novembre ou décembre, et, si l’on n’en fait pas la cueillette avant le mois de mars, elles se nourrissent constamment de la sève de l’arbre, grossissent tous les jours, et deviennent plus juteuses, plus douces et plus délicieuses ; mais alors elles ne se conservent pas longtemps, et on ne peut plus les expédier au loin.

Figurez-vous donc un Québecquois cueillant, en février, de ces oranges de l’arbre même, ou se promenant de bonne heure, le matin, dans un jardin où il ramasse une poignée de raves et de laitue fraîches… Cependant, l’expérience nous dit que notre vieux Québec chéri a ses charmes, et nous y revenons avec bonheur ; mais une absence de quelques semaines, durant les longs mois de l’hiver, a bien aussi son charme, et je puis vous assurer que la Floride, où l’on se rend si facilement, forme un contraste agréable.

Une chose qui m’a frappé malgré moi, c’est la figure longue, languissante et blême des natifs : elle a l’apparence d’un coin. Les enfants des blancs, à la campagne, ont le teint couleur mastic ; leurs lèvres sont d’un blanc mat et tous portent un cachet de nonchalance prononcée. Si vous vous arrêtez pour parler à un homme ou à une femme,