réveillés que par une tempête terrible qui, dès ses premières bourrasques, avait jeté la chaloupe à la côte. Il fallut s’occuper à la réparer de suite, mais ce contre-temps eut son bon côté, car deux renards qui étaient venus rôder dans les environs furent pris au piège, et cette viande fraîche devint par la suite d’un grand secours.
« Dès le 7 décembre, M. de Freneuse put reprendre la mer, mais le cœur navré, car malgré de nombreuses reconnaissances, il n’avait pu découvrir aucune trace de son canot. À peine la chaloupe eut-elle fait trois heures de marche qu’une nouvelle tempête l’assallait au large ; pas un havre, pas une crique ne s’offrait sur la côte pour donner refuge à ces malheureux, et cette nuit-là fut peut-être une des plus terribles qu’ils eurent à endurer ; car ils la passèrent à errer au milieu des vagues et des glaces, dans une baie où le grappin ne mordait pas. On ne réussit à débarquer qu’au petit jour, au milieu d’un froid brûlant qui ne tarda guère à faire prendre la baie, et avec elle la chaloupe qui, dès lors, devint inutile.
« Il fallut donc se décider à ne pas pousser plus loin. Les provisions furent débarquées ; et de suite on se mit à l’œuvre pour construire des cabanes en branche de sapin[1], ainsi qu’un petit dépôt, où
- ↑ Le P. Crespel qui, dans ses missions chez les Outagamis s’était mis au fait de cette étude d’architecture primitive, avoue ingénument que sa cabane était la plus commode.