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UNE BALEINE

Je sentis renaître mes espérances ; mais, en apercevant le colosse, je jugeai de suite que tout espoir était perdu. Nous le trouvâmes sur le plan incliné où il avait séché ; mais quel désolant coup d’œil il présentait !

Nombre de spectateurs, curieux de connaître l’épaisseur de la peau de l’animal, lui avaient fait des incisions en telle quantité avec des coûteaux ou autres instruments tranchants, qu’on aurait dit qu’il avait été attaqué de la picote. Il me fallut admettre que l’odeur qui se répandait dans les environs n’avait rien d’agréable. Ceci confirma plus que jamais le docteur dans sa résolution ; et, environ une heure après qu’il m’eut quitté, un officier de police, accompagné de trois constables, vint me servir une sommation formelle, de la part du maire, à l’effet d’éloigner cette baleine sans retard.

Figurez-vous l’impasse dans laquelle je me trouvais ! Comment faire pour l’enlever ? Où la mettre ? L’homme à qui appartenait jadis un fameux éléphant était bien mieux que moi ; au moins ce dernier était vivant et pouvait marcher, mais le monstre que j’avais là était immobile, rien ne pouvait le mettre en mouvement. Si, au moins, le capitaine avait été là pour venir à mon secours ! Il me fallait obéir, tout en faisant des efforts pour sauver les soixante-dix barils d’huile, sans compter les os.