Page:Gregory - En racontant, 1886.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
EN RACONTANT

de la baleine qui devaient me rapporter un joli bénéfice.

Enfin, je me décidai à fréter un remorqueur pour la ramener quelque part en aval du fleuve. Nouvel embarras : la baleine ne pourrait flotter, disait-on, dans l’état où elle était maintenant. Ne sachant mieux, je frétai pareillement deux barges, et à la haute marée, la baleine, placée entre ces deux barges, fut solidement attachée, et nous partîmes, traînant le tout à notre remorque.

L’une des barges contenait cent barils vides d’huile, plusieurs grands chaudrons en fer, des haches, des pelles, enfin tout ce qu’il fallait pour le dépècement de la baleine.

Nous allions sans trop savoir où nous pourrions prendre terre. Nous n’osions pas non plus approcher des endroits où il y avait des habitations. Nous finîmes par découvrir une baie déserte à quelque distance de la ville, où nous décidâmes que le steamer courrait une bordée, et lancerait les barges sur la grève aussi loin que possible. Ce projet, que l’état de la marée favorisait, fut mis à exécution ; la baleine fut commodément attachée à quelques gros arbres qu’il y avait là, et le baissant la laissa à sec sur la grève. Quinze à vingt hommes s’occupèrent de la dépecer, de faire bouillir, et d’embariller l’huile. Je revins alors chez moi, brisé de